Adieu à Colette Nucci

Ancienne élève du Conservatoire, comédienne ravissante, elle avait consacré les plus fertiles années de sa vie à la direction du Théâtre 13. Elle s’est éteinte quelques jours après son 73ème anniversaire, vaincue par la maladie.

Elle était l’énergie même. Une fille du sud, née à Marseille. Elle avait grandi en Algérie et, après l’indépendance, elle avait suivi sa famille au Mans. Après son mariage, elle avait passé de longues années à Madrid, auprès de son mari, peintre. Elle avait des attaches à Grenoble, où, la maladie venue, elle avait choisi, d’abord, d’être soignée. Une rémission. Un retour virulent du cancer et malgré courage et soins, elle s’est éteinte hier, le 10 mai.

Elle était ravissante. Grande, déliée, visage harmonieux, jolie voix où scintillait parfois, en étincelles brillantes, un accent du sud. Une comédienne dont les débuts furent brillants, après le Conservatoire national supérieur où elle fut notamment l’élève de Louis Seigner.

Lorsque l’on est née le 16 avril 1950, on sort de l’école avec un emploi : jeune première ou servante chez Molière ou Marivaux. Sa radieuse féminité, sa sensibilité, son intelligence, sa curiosité de la littérature classique comme des modernes et des contemporains, la conduisirent sur des chemins divers.

Portrait de Colette Nucci, Directrice du Théâtre 13 « jardin », 103 A Boulevard Auguste Blanqui à Paris le 17/02/2017 Photo Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

Elle fit un début de carrière heureux, jouant Marivaux comme Feydeau ou Labiche. avant de choisir de quitter la France pour l’Espagne. Elle a épousé un beau ténébreux, peintre puissant, José Luis Penamaria. De 76 à 84, elle vit à Madrid. Elle est la maman de deux garçons qui sont musiciens et comédiens, Benjamin et Pablo.

Rentrés en France, la famille Penamaria s’installe à Bougival. Elle va fonder une compagnie et ouvrir un cours dans cette jolie ville de l’ouest parisien et jouer parfois. Ainsi, en 1997, aborde-t-elle Tennessee Williams. Deux ans avant d’être nommée directrice du Théâtre 13 en 1999. Soutenue par Jacques Toubon et Jacques Baillon, reconnue par ses pairs, elle fait du petit lieu entouré d’immeubles, dans le quartier de la Glacière, un foyer extraordinaire de création. Un lieu où l’on va découvrir par dizaines de nouveaux talents, des jeunes compagnies. La liste est longue de toutes celles et ceux qui ont trouvé leur épanouissement sur ce petit plateau séduisant. Citons Christophe Lidon, Benoît Lavigne, Stéphanie Tesson, Sophie Lacarpentier, Justine Heynemann, Alexis Michalik, entre autres.

Elle-même jouait parfois, avec ces jeunes. Fabian Chappuis, Delphine Lequenne, notamment ou encore Rachel Salik, artiste de sa génération. Il y avait en elle la joie et la profondeur, l’esprit et la gravité.

Elle fut essentielle dans l’élaboration de la deuxième salle, rue du Chevaleret et dans la réhabilitation du premier site. Les deux lieux prirent très vite une place de choix dans le paysage parisien, conservant ses fondamentaux : d’abord les jeunes.

Elle avait quitté ses fonctions en 2020, demeurant très attentive à la vie du théâtre. Sa famille et ses amis annoncent la cérémonie d’adieux : le vendredi 19 mai (et non le 15) , au crématorium du Père Lachaise, à 10h30 (et non 13h00).