Comédienne excellente dans tous les registres, elle chante très bien et redonne son « cabaret » prochainement à l’Opéra Favart. A ne pas rater.
Il y a longtemps que l’on connaît cette interprète rare et très douée. La saison dernière, elle a enthousiasmé le public du Poche-Montparnasse en jouant Tchekhov sous la direction de Jean-Louis Benoit, au côté de Jean-Paul Farré et Manuel Lelièvre.
Peu de temps auparavant, un large public l’avait découverte dans Fric Frac, une mise en scène de Michel Fau, au Théâtre de Paris. Cocasse, irrésistible. Très, très drôle. Mais passant avec virtuosité d’un registre à un autre, avec fluidité, virtuosité.
On avait découvert ses talents de chanteuse alors qu’elle jouait, auprès de Philippe Meyer, que l’on peut retrouver ces temps-ci, au Lucernaire, le dimanche à 19h00 dans une évocation de son métier des ondes, Ma radio, histoire amoureuse. Jusqu’au 26 avril.
Depuis on a souvent applaudie Emeline Bayart chanteuse. Dans des lieux tout petits, à l’écart des grandes salles prestigieuses, et aussi, déjà, à l’Opéra Favart.
Elle y revient avec un nouveau récital. Voici comment elle-même, explique le propos de ce moment qu’elle sous-titre : « Affreuses, divines et méchantes ».
Ecoutons-là : « Affreuses, divines et méchantes : des portraits croqués finement, hilarants et déroutants. Un florilège de caractères bien trempés, pas piqués des hannetons. Un hymne à ces dames fantasques et pleines de panache. »
Une vingtaine de chansons, très différentes, accompagnés avec une finesse profonde et une alacrité idéale par l’excellentissime Manuel Peskine, qui lui-même chante, d’ailleurs et a autant d’esprit que la merveilleuse Emeline Bayart.
De la Belle époque à nos jours, une traversée enchantée, tramée de poésie et d’humour, parfois d’un humour délirant ou avec des textes qui, aujourd’hui, sonnent d’une manière très drôle. Des femmes, encore des femmes. Aimées, trompées, légères, graves, sympathiques ou rugueuses.
Un enchantement très bien dosé, très bien développé, avec des chansons très connues et d’autres, pépites oubliées qu’elle a dénichées avec malice. De La Femme de Jules Laforgue et Emile Waldteufel, à Marguerite de Vincent Telly et Albert Valsien, J’suis décadente de Brigitte Fontaine, ça fait peur aux oiseaux, de Galoppe d’Onquaire et Paul Bernard ou encore Amour, Délices et Orgues d’Alphonse Allais.
De grands auteurs, de grands compositeurs, Albert Willemetz, Maurice Yvain, Jean Nohain et Francis Poulenc (Nous voulons une petite sœur), Anne Sylvestre, Michel Rivgauche. On ne va pas tous les citer.
Il y a une progression dans le jeu, aussi, de très subtils décalages, à une montée en œillades, avec le bel œil bleu de la déliée et élégante Emeline Bayart, jusqu’aux grimaces insensées et à la folie entraînante.
De sa voix, harmonieuse, Emeline Bayart sait tout faire. Avec subtilité, goût des nuances, finesse de l’interprétation. Parfois, elle parvient à évoquer discrètement les créatrices. C’est superbe. Elle sait apporter sa touche très personnelle, même aux chansons très connues, comme la coquine Les Nuits d’une demoiselle, Guy Breton, Raymond Legrand et Colette Renard, bien sûr, qui la chanta avec acidité.
Tout cela donne un moment magistral qu’Emeline Bayart met en scène elle-même avec un sens de l’espace très intelligent. On est « Porte 8 », on est dans l’un des salons d’accueil du rez-de-chaussée de l’Opéra Favart, l’Opéra-Comique. Emeline Bayart sait se mouvoir, jouer avec les statues, les spectateurs et son complice et partenaire, Manuel Peskine.
Un enchantement à ne pas rater !!!
Le Cabaret d’Emeline Bayart, « Affreuses, divines et méchantes ». Choix des chansons et mise en scène, Emeline Bayart. Au piano, Manuel Peskine. Prochaines représentations du 11 au 14 mars, à 19h30.
Salle Bizet, entrée par le 8 rue Marivaux. Durée : 1h15. Prix : 25 euros, consommation comprise. Une bouteille de champagne pour quatre.
Tél : 01 70 23 01 31.