Accompagnée de l’original musicien Nicolas Cloche, elle évoque Nina Simone pour mieux parler d’elle-même.
Depuis quelques années, le théâtre s’inspire souvent de Nina Simone. Qu’elle ne soit que pure présence de sa voix déchirante ou qu’elle passe au filtre d’une écriture inspirée et d’une interprétation bouleversante comme avec le récent Portrait de Ludmilla en Nina Simone, par David Lescot, auteur et présent en scène comme guitariste et la magnifique Ludmilla Dabo (spectacle vu en janvier 2019 au Théâtre de la Ville/Espace Cardin), l’artiste, son empêchement à devenir pianiste classique soliste, les déchirures de sa vie, sa voix unique et d’une beauté ineffaçable, inspirent les hommes et les femmes de théâtre.
Chloé Lacan, en un exercice sympathique, convoque cette femme au destin tragique, pour se mirer dans ses reflets. Elle glisse, vers la fin du spectacle, qu’elle n’a pas le même timbre, la même tessiture, et on l’admet d’entrée car elle commence par une séquence à laquelle le trac ajoutait hier ses discordances…
Dans un décor que meublent les instruments de musique, escortée d’un partenaire très original et à personnalité intéressante –par-delà sa musicalité indéniable et sa virtuosité certaine- Nicolas Cloche, un metteur en scène dirige les deux artistes : Nelson-Rafaell Madel est très indulgent pour Chloé Lacan.
Le texte de J’aurais aimé savoir ce que ça fait d’être libre est un peu faible. Il sert d’appui à la démonstration de savoir-faire d’une comédienne et chanteuse, belle assurément –on pense irrésistiblement, elle est un peu plus grande, à la regrettée Marianne Epin- mais qui devrait apprendre à se discipliner, à ne pas s’enfermer dans l’accumulation des exercices : je chante, je joue, je joue mon ukulélé, mon accordéon, je danse, je fais la jolie, etc…
Il y a quelque chose d’immature en tout cela et c’est dommage. Cela ne nous empêche pas de prendre plaisir à ce moment, éclairé par l’humour et le talent, la présence très forte de Nicolas Cloche.
Et le public est conquis… Ce qui montre bien que Chloé Lacan touche les spectateurs qui se laissent prendre au charme du spectacle musical.
Un petit tour, encore ce soir et demain au Belleville, avant une longue tournée qui débute en octobre. Ne boudons pas les reprises ! Que vive le théâtre et tous les artistes !
Théâtre de Belleville, à 19h15 ce soir 1er septembre 2020 et 21h15 demain mercredi. Tél : 01 48 06 74 34. Durée : 1h15.
Puis le 3 octobre au Sax d’Achères, le 13 à Barentin, le 16 à Machecoul, etc…Une quinzaine de dates jusqu’en mai 2021 pour le moment.