Comédien, il écrivait depuis l’orée des années soixante-dix et ses pièces ont été à l’honneur partout. Il a lutté longtemps contre une maladie cruelle. Il s’est éteint vendredi 30 septembre. Il avait 70 ans.
Frêle, fin, il avait toujours conservé sa silhouette d’adolescent et ses cheveux bouclés lui donnaient quelque chose de plus juvénile encore. Jean-Louis Bauer s’est éteint vendredi après s’être battu des années durant contre un cancer particulièrement tenace. Une rémission et un retour virulent cet été. On n’oubliera pas cet artiste intransigeant, doux, profond qui était né le 1er juin 1952.
Comédienne, elle aussi, metteur en scène parfois, Bernadette Le Saché était son épouse depuis bien longtemps. Ils s’étaient rencontrés au cours Périmony. Il avait fait la rue Blanche, elle le conservatoire. Elle a connu une grande notoriété avec le grand téléfilm du jeune Serge Moati Le Pain noir. Plus tard elle tourna dans Le Cheval d’orgueil, rentra comme pensionnaire à la Comédie-Française. On pense à elle et à leur famille, aujourd’hui. Souvent ils travaillèrent ensemble.
Dans le monde du théâtre, Jean-Louis Bauer avait une grande place. Interprète, sa mobilité et sa profondeur faisaient merveille. Il était aigu et fin, la voix harmonieuse, le regard profond et pétillant. Un Ariel, un Arlequin tendre.
Il a beaucoup joué et tourné pour la télévision comme pour le cinéma mais c’est comme écrivain qu’il a été reconnu, recevant d’ailleurs des prix de la société des auteurs. On ne saurait ici tout citer : des œuvres pour la radio, des œuvres pour le théâtre et le répertoire pour la jeunesse.
Parmi les titres que l’on peut retenir : M’appelle Isabelle Langrenier, mise en scène de Roger Blin. A l’Atelier, Laurent Terzieff joue et met en scène L’Homme assis. Au Petit Odéon, c’est la Comédie Française qui monte Édith Détresse.
Son art dramatique original, très personnel, correspondait aux ambitions du très sagace Philippe Adrien. Ils ont été partenaires d’écriture et de mise en scène, ils s’amusaient et l’insolence partagée était joyeuse. Citons Bug, Une vie de château, La Grande Nouvelle.
Très caustique lorsqu’il s’agissait de mettre en lumière les dérives de nos sociétés, Jean-Louis Bauer épinglait dans L’Affaire, avec Philippe Adrien, la chute d’un homme politique très en vue. Il n’était pas difficile de reconnaître Dominique Strauss-Kahn.
Avec Le Roman d’un trader, c’est Jérôme Kerviel qui est son modèle. Daniel Benoin a mis en scène la pièce à Nice et Lorant Deutsch a joué ce personnage hors du commun. Et ce texte, excellent, a été tourné et diffusé à la télévision par France 2 ; et plus tard Christophe Barratier en a fait un film.
Jean-Louis Bauer était également un excellent pédagogue et il a beaucoup enseigné, notamment dans les conservatoires de la Ville de Paris. Et rue Blanche, à l’ENSATT, où il enseigne également, très jeune, il crée la section d’écriture dramatique où sont nés de nombreux auteurs et auteures.
Il ne cesse d’entreprendre. Notons, en 2007, au Théâtre de la Madeleine, Dix jours ensemble, avec sa femme, Bernadette Le Saché, Jusqu’au bout, cet homme noble a travaillé. Digne, courageux, pudique. Ces dernières années, on l’avait retrouvé au Théâtre de la Reine Blanche, institution animée par Elisabeth Bouchaud, artiste et scientifique. La Chair de l’algorithme, mise en scène d’Antoine Campo, puis Le Paradoxe des jumeaux, composé avec Elisabeth Bouchaud. Un titre qui réunit Marie Curie et son entourage, et joué par Claire Aveline, Karim Kadjar, Elisabeth Bouchaud, Sabine Haudepin. Une mise en scène de Bernadette Le Saché.
Ses textes sont là (éditions Théâtrales, et L’Avant-Scène théâtre où plus d’une dizaine de pièces sont disponibles) qui témoignent de son talent. Lisez-le.
Sa famille et ses amis lui diront adieu jeudi 6 octobre, à 10h30, au cimetière de Bagneux, pour une cérémonie qui débutera à 11h00. L’après-midi, rendez-vous au Café Le Gymnase, boulevard Raspail, métro Vavin.