On aime la compagnie La Cordonnerie. Deux fortes personnalités qui, pour la première fois, ne sont pas en scène, mais dirigent de jeunes artistes dans « 4,7 de liberté ». Un conte succulent.
Avouons-le, pour qui les connaît, les admire et les suit, 4,7 de liberté, déstabilise quelque peu. On les a découverts travaillant sur la base de contes ou d’œuvres littéraires très connues. Métilde Weyergans, Samuel Hercule (leurs vrais noms) se sont rencontrés par le truchement du cinéma. Ils avaient déjà des parcours très originaux, ils avaient affermi leurs personnalités fortes. Ensemble, ils ont créé la compagnie La Cordonnerie. Et on connaît leur répertoire : Blanche-Neige ou la chute du mur de Berlin, Hamlet, Dans la peau de Don Quichotte, Ne pas finir comme Roméo et Juliette, pour ne citer que quelques titres, éloquents.
Dans leur travail, les parties filmées tiennent une place importante. On va d’un media à l’autre, en toute fluidité. Et ces créations sont très soignées : musique, son, lumière, scénographie, tout est efficace harmonie. Présence des objets, esprit, humour, aussi sérieuses, graves, soient les histoires racontées.
Avec 4,7 de liberté, ils rompent avec leurs intimes habitudes. Cinéma systématique compris, d’ailleurs. Sur le plateau, un groupe de jeunes, élèves de l’ENSATT (Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre), à Lyon. Ils et elles ne sont que six, mais se démultiplient lorsqu’il le faut : Andréas Chartier, Lucie Garçon, Fanny Gobel-Reche, Garance Malard, Lucas Martini, Séraphin Rousseau. Sur une musique de Timothée Jolly et Mathieu Ogier, la représentation se développe d’une manière lisse et vive, principalement. Mais avec des ruptures. Lumières et sons interviennent de manière essentielle. Il est question d’une toute jeune fille accueillie par un couple de chercheurs sans enfant, il est question de fugues, de tourteau remis à la mer (on est pourtant très loin de la mer), de loups. On a très peur, parfois…Ce n’est pas pour les tout petits enfants, même s’ils connaissent les contes sombres et cruels qui font partie de leur éducation.
Pourquoi vous en dire plus ? Les élèves sont doués et bien dirigés, l’univers de La Cordonnerie est bien là, avec ses ellipses, cet art de faire confiance au public, qui comble les manques de la narration, spécialement pratiqués par nos deux artistes. On rit, on soupire, on retient son souffle…
Les artistes ne jouent pas longtemps, au cours de chacune des haltes de ce spectacle plein de mystère, de charme, de beautés, et d’émotions contrastées. Ne le ratez pas !
Théâtre des Abbesses du Théâtre de la Ville, du 27 février au 2 mars. Puis au Quai d’Angers, du 10 au 16 mars, à Istres, Scènes et Cinés, les 4 et 5 avril, à Nanterre, Maison de la Musique, les 25 et 26 avril, à Strasbourg, au Maillon, les 15, 16, 17 mai.