Alors que son dernier livre, Les Fées, est en tête des ventes, l’écrivain offre au public du Poche Montparnasse, la découverte d’une très lointaine planète, en compagnie des poètes.
Dans la salle du Poche, pas un strapontin de libre. Les spectateurs sont venus très nombreux dès la première représentation du nouveau spectacle de la maison : Face au cosmos, sous-titré De Platon à Mallarmé, deux millénaires de poésie cosmique.
Il s’agit d’une « conférence théâtrale ». Elle est conçue par Sylvain Tesson. Les lumières tournent tout autour de la salle. Sur le plateau, on devine, à jardin, une petite table et une chaise. Mais l’on contemple surtout une sorte d’immense hublot et, au-delà, l’univers même. Durant toute cette conférence, on verra ce paysage extraordinaire se modifier lentement. Avec ses étoiles, ses planètes, ses couleurs vives parfois, ces images magnifiques et qui font rêver. Ce cosmos qui palpite. Des images qui sont comme celles que l’on peut contempler sur le site de la NASA. C’est une peintre toute de sensibilité qui a imaginé ces « espaces infinis ». Marguerite Danguy Des Déserts a également conçu la manière artisanale de faire mouvoir ce cyclo magique. A l’arrière, Cédric Guibert déroule la toile…Des lumières complètent cette magie. Elles sont signées Alireza Kishipour. Et la régie plateau est assurée par Dorian Mjahed-Lucas.
Le conférencier pénètre par le fond de la salle, et descend la travée centrale de la salle légendaire du Poche. Sanglé dans une combinaison bleu roi, avec des écussons ici et là, tel un astronaute, Sylvain Tesson va jusqu’au plateau, tout en expliquant la situation. On serait, on est, en 2017, dans l’unité stérile Cosmopoche. Au 500ème jour d’un séjour que l’on n’avait pas prévu si long. Cent quatorze personnes sont là. A 20 milliards de kilomètres de la Terre. Il faut se rendre à l’évidence, personne jamais ne viendra les chercher.
Il faut passer le temps, se divertir. Sylvain Tesson inaugure ce soir une série de conférences qui seront portées par d’autres volontaires, semaine après semaine.
Lui, qui ne voyage jamais sans quelques livres, a choisi de s’appuyer sur les poètes pour éclairer son auditoire. Il nous rappelle qu’astronome est le plus vieux métier du monde. L’homme, de tout temps, a interrogé le ciel.
Il nous demande d’imaginer Platon et Mallarmé, côte à côte, couchés dans l’herbe, contemplant la nue étoilée. Le récit de Sylvain Tesson est émaillé de citations. Certaines très connues, telles celles de Blaise Pascal, d’autres plus rares. Certaines cocasses. Ainsi Emil Cioran : « J’ai appris ce matin qu’il y avait 14 milliards de galaxies, j’ai renoncé à faire ma toilette. »
Avec son éloquence d’homme toujours en recherche, avec son savoir et ses curiosités, avec son cœur et son intelligence, Sylvain Tesson s’adresse à nous, ses frères humains. Par-delà Platon et Mallarmé, Pascal, Cioran, d’autres poètes sont évoqués. Victor Hugo, Louis Aragon, d’autres encore, Virgile ou Nerval.
C’est un moment simple et riche, souvent drôle, car Sylvain Tesson a beaucoup d’esprit. De sa voix claire, avec son regard profond et doux, sa présence forte, il nous embarque, littéralement.
Il donne cette conférence toute de savoir et de saveur pendant quelques jours. Un moment précieux qui nous réconcilie avec le monde mais ne nous fait en rien oublier les tragédies de la Terre. Embarquez : rendez-vous sur Esperanza.
Théâtre de Poche-Montparnasse, du lundi au samedi à 19h00, dimanche à 15h00. Durée : 1h00. Tél : 01 45 44 50 21. Jusqu’au 13 mars.