Roseliane Goldstein, endormie dans la paix

Epouse de Valère Novarina, elle avait débuté au Lycée Louis-le-Grand, avec Patrice Chéreau à la fin des années soixante. Elle s’est éteinte dans son sommeil, après une chute dans un escalier. Une princesse des tréteaux.

Comme Melly Puaux, comme Hélène Vincent, Roseliane Goldstein avait débuté avec Patrice Chéreau. Elle est là dès L’Héritier de Village, de Marivaux, en 1965. Ils ont tous et toutes la vingtaine. Elle est ultrasensible et très vive. Après viennent L’Affaire de la rue de Lourcine de Labiche en 1966, puis Les Soldats de Lenz en 1967.

 Dans Dom Juan de Molière, en 1969, elle est une ravissante Elvire. Elle va ensuite participer à d’autres aventures. Avec Marcel Maréchal, elle crée Le Sang de Jean Vauthier avant de travailler avec Marcel Bozonnet, Christian Rist, Jean-Marie Villégier, notamment. Brigitte Jaques-Wajeman la dirige dans Le Baladin du monde occidental. Dès l’année précédente, en 1974, elle entame un parcours de fidélité avec le très profond et fin Jean-Marie Patte : Le Triomphe de la sensibilité de Goethe, en 78, Œdipe d’Elia Bolzano, Le Concert de Jean-Marie Patte lui-même, La Comédie de Macbeth de Raphael Holinshed, Le Gardien du tombeau de Kafka, plus tard Répétition d’un drame, et en 2000 Baban Kim, des textes de Jean-Marie Patte, l’écrivain singulier.

En 1978, Roséliane Goldstein joue du Novarina, dans une version de l’Atelier volant que Bernard Ballet met en scène. Puis, en 1984, sous la direction de Jean Gillibert, Le Babil des classes dangereuses.

En 1986, elle prend vraiment la route auprès de Valère Novarina. Comédienne, dramaturge, conseillère, mère des enfants. Cela commence par Le Drame de la vie, et La Chair de l’Homme (elle est Monsieur), Le Jardin de reconnaissance (la voix d’ombre). Dans Vous qui habitez le temps, elle est l’enfant des cendres, dans Je suis. Tant d’autres Ainsi travailla-t-elle aussi avec Louis Castel sur du Novarina, à Avignon…

Fine, discrète, aussi intelligente que cultivée, chaleureuse, elle est indissociable de l’œuvre de Valère Novarina.

Elle avait un peu quitté les planches, mais avait travaillé avec Pascal Omhovère (Phèdre dans Hippolyte de Robert Garnier) et avec Jacques Falguières.

A ses débuts, elle avait tourné dans des films d’auteur. Elle était très aimée et respectée, admirée par ceux et celles qui aime le théâtre.

Elle a fait une chute dans un escalier. Elle avait quelques côtes cassées. Hospitalisée, pour ces fractures qui n’étaient pas considérées comme graves, elle s’est éteinte dans son sommeil. Comme une princesse, une fée.

Sa famille et ses amis lui diront adieu au cimetière de Bagneux.