Respirations artificielles

Un spectacle par soir, mais plus jamais de réactions écrites quotidiennes, ainsi que nous en avions la prétention. Ce changement drastique de régime ne date pas d’hier et il n’affecte évidemment en rien la vie du théâtre.

« A quoi bon ? » se demande-t-on, aussi touché soit-on par la mort du légendaire Marc’O ou par la représentation de Soleil d »après un choix de nouvelles de l’Américain Raymond Carver, par Armel Roussel, à la Tempête, ou encore par la formidable première représentation, de Mohamed El Khatib, sous la verrière du Grand Palais; Irruption et occupation devrait-on dire : l’inauguration des expositions, moments théâtraux, installations.

Sous le titre de Le Grand palais de ma mère, l’artiste, metteur en scène aux frontières de son métier de sociologue, donnant la parole à ceux qui en sont ordinairement privés, propose un faisceau de moments précieux. Une exposition très touchante, avec des pointes bouleversantes qui lient des objets qui ont marqué les hommes et les femmes réunis, à d’autres objets ou tableaux, sculptures, etc., puisés dans les collections de la Fondation Lambert, à Avignon, et qu’ils ont elles et eux, choisis, comme des supports proches de leurs propres coeurs.

Cela se passe sous la verrière du Grand Palais, après des mois de travaux. Ciel très clair des débuts et nuit tombée à la fin. Désormais, c’est l’été. Dans l’espace, des voitures d’un temps d’autrefois, mais increvables, des Peugeot, des Renault, celles qu’aimaient les hommes qui conduisaient leurs familles au Maroc, en Algérie. Au « bled ». Des voyages surchargés en adultes, adolescents, enfants, bébés, et surchargés en objets, avec leurs valises amoncelées sur les toits des véhicules en savants équilibres.

On en reparlera. On est un peu perturbé parfois. La mode joue un grand rôle dans le petit monde de la critique dramatique. Les unes et les uns ont toujours peur de rater un train. On porte aux nues des spectacles pauvres, prétentieux, tel Mère Courage, selon Lisaboa Houbrechts. On s’enflamme dans un bel accord, oublieux du propos même de Brecht.

On multiplierait les exemples. On reprendra le fil de ce blog pour louer quelques spectacles magistraux en tête desquels Musée Duras, par Julien Gosselin. La jeune troupe, issue du conservatoire, sera à Vienne (Autriche) le week-end prochain, et après l’été, aux Ateliers Berthier. Du très grand travail.