Raoul Fernandez, artiste complet

Interprète délicat, qui dit et chante à merveille, créateur de costumes de rêve, il vient de présenter Il s’en va, texte de Philippe Minyana, composé pour lui. Une mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo et le piano de Nicolas Olivier. Un moment de pure poésie scénique

Il est né au Salvador, mais, encore tout enfant, il passe par le Guatemala, avant de retrouver le Salvador. Il avait déjà la passion du théâtre. Il a appris tout seul le français, en lisant Molière. On le connaît, on l’admire, on l’aime, depuis bien des années. Sa vie est un roman. Avec autant d’énergie que de légèreté, il a tracé les grandes voies de son destin.

Entre les représentations d’Hötel du Libre Echange, actuellement en tournée, une mise en scène de Stanislas Nordey, Raoul Fernandez est aux Plateaux Sauvages et joue Il s’en va, suite du Portrait de Raoul écrit avec haute sensibilité et esprit par Philippe Minyana.

Marcial Di Fonzo Bo a créé ce moment à part au Quai d’Angers, Centre Dramatique National, dont il est directeur. C’est une perfection de spectacle, beau, mystérieux, bouleversant.

Tout ici se donne sous le signe de l’acccomplissement et, en une petite heure, très vite envolée, on a son profond content de théâtre. On est comblé. On est bouleversé, on rit, on a les larmes aux yeux. C’est vraiment superbe.

Il n’y a que de grand talents ici réunis. Une belle et simple scénographie magnifiée par de subtiles lumières. Même au coeur de la pénombre, on voit le visage de celui qui nous parle et dialogue parfois avec des voix, ces voix aimées et chères. Elles ne sont pas toutes aimables. Ses amis le secouent, parfois sans ménagement.

Raoul tient bon. Est-il en route vers d’autres mondes ? Cherche-t-il encore sa maman ? Est-il passé de l’autre côté du miroir ? Comment savoir ? Il est là. Peut-être qu’il s’en va, comme le dit Philippe Minyana, dans ce texte très doux mais qui bouscule…mais il est là. Magistral, lorsqu’il chante, cocasse quand il raconte ses désirs de transformation et ses passages à l’acte. Auprès de lui, le piano joue tout seul, mais Nicolas Olivier est toute présence.

Plateaux Sauvages, jusqu’au 18 octobre. A 19h30 et 16h30 samedi 18. Le texte est aux Solitaires Intempestifs (10€).Tél : 01 83 75 55 70;

Dans le même théâtre, une autre mise en scène d’un seul en scène par Marcial Di Fonzo Bo. Mais si Inès Quaireau a beaucoup de finesse, le texte de Sonia Chiambretto ne dit pas assez sur Le Bon Pasteur…Dommage.