C’est l’un des moments les plus touchants, les plus drôles, que le théâtre nous ait offert ces dernières semaines.
Epatante, elle est épatante, Sophie Engel et si l’on a traîné à l’écrire dans ces colonnes, c’est en fait que l’on était sous le charme. On y repensait. On gardait pour soi, égoïstement, ce délicieux moment d’écriture et de jeu. Un moment aussi drôle souvent que grave, car il ne touche pas seulement aux égarements douloureux du coeur et de l’esprit, du corps et de l’esprit. Mais il touche à la question des héritages culturels, moraux, religieux que l’on reçoit.
Ces règles, ces savoirs, ces manières dans lesquelles on baigne, qui infusent en nous et avec lesquelles il faudra compter tout sa vie durant. Que l’on tente d’y échapper ou que l’on se soumette, que l’on tente de composer.
Ce qui est très remarquable, dans ce « spectacle », c’est que Sophie Engel semble d’une sincérité profonde. On a le sentiment qu’elle nous raconte son histoire, ses histoires. Plongée dans sa psyché, plongée dans sa famille, plongée dans son édredon !
Elle a une présence forte, elle est mobile et légère, même dans les aveux les plus graves, les questions qui peuvent déranger. Une amie, Héléna Sadowy, a prêté son regard à la mise en scène.
Tout est soigné : la scénographie de Cerise Guyon, les lumières, très pensées de Gautier Devoucoux, le costume d’Augustin Rolland -n’était le short blanc qui n’aide pas beaucoup la charmante interprète….
C’est la vitalité tonique de Sophie Engel qui touche. Elle est précise dans son jeu comme elle l’est dans son écriture. Elevée dans une famille de culture juive, elle jongle, elle s’interroge sérieusement mais ne craint pas l’ironie, jusqu’à la cocasserie. Epatante, Sophie, et très intéressantes ses interrogations…
La Flèche Théâtre, chaque samedi à 19h jusqu’au 13 décembre. Durée : 1h. 01 40 09 70 40. info@theatrelafleche.fr