Acrobaties belges

Sous le titre « Rollekebol », ce qui signifie, à Bruxelles, « roulé-boulé », Nicolas Godart a composé une féroce comédie familiale. Il joue le fils, très bien entouré et mis en scène avec allégresse par Clément Croiseaux.

Nous vous avons signalé ce spectacle il y a quelques jours. Il est aussi cocasse que cruel. Il vient de Belgique. Episcène est, depuis quelques années, l’autre lieu des créations du pays de Maeterlinck, avec le Théâtre des Doms. Deux excellentes adresses où l’on ne fait pas que proposer de gentils solos.

L’auteur est comédien, jeune, et il a écrit Rollekebol très rapidement. Une histoire de famille assez abrupte : un père qui va disparaitre -où l’on retrouve l’élégant François-Xavier Hoffmann, aujourd’hui François Hoffmann tout court. On l’a connu interprète sensible, auprès de Francis Huster, notamment. Mais, tout en continuant de jouer, il s’est consacré à la pédagogie au cours Florent. A Paris, puis à Bruxelles et le groupe des comédiens ici réuni, est passé par Florent Bruxelles.

Continuons avec la mère, dépressive, excessive, comme il se doit ! Hélène d’Udekem est très drôle, tout en touchant par sa détresse. De quoi désespère-t-elle donc ? De sa famille ? Banale situation ! C’est sur cette banalité que veut jouer le metteur en scène, Clément Croiseaux, mais il extirpe des lignes de force tragiques dans ce qui pourrait n’être qu’une farce.

Il paraît que « Rollekebol » s’utilise principalement pour les chiens et les chats. Cela tombe bien, dans cette famille, observateurs et sagaces, il y a un chien débonnaire et un chat coquin. Camille Malnory, qui aime les marionnettes, est l’âme de ces deux sympathiques personnages. Ici, on accepte tout, joyeusement.

Et puis voici la fille, la délicieuse Lily Moreau, et le fils. Auteur à la plume vive et cruelle, Nicolas Godart est un interprète très doué. N’en disons pas plus. Il faut accepter la folie de cette comédie acide. Il y a là une manière de saisir vivement les protagonistes, les situations. Bonnes lumières, musique, son, rythme : le spectacle est soigné.

Et n’oubliez pas : un roulé-boulé, c’est une manière de se sortir sans blessure, d’une chute.

Théâtre Episcène, jusqu’au 21 juillet, à 17h45.