Avec une des jeunes femmes qui ont créé « F(l)ammes » il y a près de dix ans, l’écrivain et metteur en scène nous entraîne jusque dans le New Hampshire. Anissa raconte sa vie tout en concoctant pralines et fondants au chocolat… Vérité ou mensonge ? Du théâtre.
Le metteur en scène et la comédienne accueillent les spectateurs à l’entrée de la salle du Théâtre de Belleville. On les retrouve à la fin, à la même place : ils distribuent les pralines et les petits fondants au chocolat qu’a concoctés la « comédienne » durant le spectacle.
Une heure trente durant, on l’a écoutée. Et parfois Ahmed Madani lui-même, qui est là, côté cour du plateau, derrière un bureau et un ordinateur.
L’histoire serait celle d’Anissa, et avant cela de sa mère, abandonnée par un père qui acceptera plus tard le nom de « géniteur », mais pas trop de « père ». Assez banale histoire des hommes qui n’assument pas et des femmes qui rêvent.
Malgré l’amour de sa mère, sa force, sa lucidité, Anissa a souffert. Elle ne donne pas de nom de famille. Dans F(l)ammes, elles étaient deux…Dans Au nom du père, pas de nom de famille, pour Anissa.
Elle est présente d’entrée, comme Ahmed Madani, et expose la situation. Son père a abandonné très tôt sa mère. Et soudain, alors qu’elle est adulte et mère, justement mère, elle est prise sourdement du puissant désir de savoir qui est son père.
Faut-il en dire plus ? Non. Il faut écouter cette belle histoire. On a le droit d’être étonné par la manière dont Anissa, un jour, pense avoir reconnu un homme dont elle ne sait pratiquement rien.
On a le droit de croire au miracle. On a le droit d’accepter les mensonges. On est au théâtre.
Et tandis que dans la cuisine, fondants au chocolat et pralines cherchent la perfection, on écoute Anissa. On admire son beau visage. On n’arrive pas à imaginer qu’à 25 ans, elle avait déjà cinq enfants. On aimerait que parfois, elle articule plus clairement, parle un peu plus haut. A ses côtés, derrière ses lunettes hublot, aux verres épais, Ahmed Madani va et vient, et commente les films que l’on voit. Cette boulangerie du New Hampshire, elle existe. Mais l’histoire que l’on nous raconte, est-elle vraie ?
Peu importe. Ici, seule compte l’émotion. Et elle est bien là. N’en disons pas plus. Découvrez cette quête, dans l’amitié et l’espérance d’amour. C’est très beau. Beau, simple et très mystérieux.
Théâtre de Belleville, à 19h du mercredi au vendredi, 21h15 samedi, 15h dimanche. Changement d’horaires en janvier : 19h le mercredi et le samedi, 21h15 le jeudi et le vendredi, 15h le dimanche. Durée : 1h30. Textes d’Ahmed Madani publiés par Actes Sud.
Tél : 01 48 06 72 34.
Jusqu’au 24 février.