Très bien dirigée par Françoise Petit qui a adapté et met en scène un texte méconnu du grand écrivain russe, Le Bonheur conjugal, la comédienne impose son art délicat, en dialogue avec le piano de Nicolas Chevereau.
Voici un moment remarquable, simple et profond, prenant, émouvant, avec un peu de mystère en plus, dans la représentation. Anne Richard, qui est bien connue par ses grands rôles, notamment à la télévision, n’a jamais lâché le fil du théâtre.
On la retrouve depuis quelque temps, seule mais très bien entourée cependant, dans la petite salle du théâtre de Poche-Montparnasse. Elle dit, elle anime, elle donne vie à un texte de Léon Tolstoï. Le Bonheur conjugal cache, évidemment, des chagrins, des désillusions, des abandons peut-être…Un court roman –par rapport aux autres œuvres très connues de l’écrivain de Guerre etpaix (1869)ou Anna Karenine(1877). Léon Tolstoï l’a composé en 1859, voyageant, de Rome à Bruxelles, en passant par Paris, Londres. Il a trente ans. Il ne rencontrera Sophie Behrs qu’en 1861. Celle qui sera sa femme et la mère de sa brassée d’enfants (13), beaucoup plus jeune que lui, comme Macha, que nous écoutons, émus.
Un récit. La narratrice est très jeune. Elle livre sa vie, ses espérances, son amour, son bonheur, sans filtre. Elle livre aussi la vérité des événements.
Elle est lucide, franche. La sincérité de la narratrice, est celle de l’écrivain qui s’interroge, imagine…
Un piano, avec l’excellent, ultra-sensible Nicolas Chevereau, virtuose qui interprète Beethoven, compositeur tant aimé de Tolstoï. Quasi una fantasia accompagne le jeu, la voix, la présence, les confidences de Macha, 17 ans au début de son récit.
On admire beaucoup les moirures de la diction, de la manière de dire, de confier, de s’épancher de cette belle et pure jeune femme. Anne Richard est tout à fait remarquable. Elle nuance, introduit des ruptures, tient le fil de l’émotion et de la vérité. C’est très beau.
Venu de la nuit du théâtre, apparaît un homme silencieux au regard bienveillant. Une présence douce, tendre et forte, impressionnante ; Jean-François Balmer, éloquent d’un regard, sans un mot. C’est très beau et mystérieux. Cela s’accore profondément au propos de Tolsto
Théâtre de Poche-Montparnasse, à 19h les vendredi et samedi, à 15h le dimanche. Tél : 01 45 44 50 21. Jusqu’à la mi-juillet.