Un auteur italien, un comédien belge, et des textes originaux et puissants à propos du monde d’aujourd’hui. Après Discours à la nation, Laïka, voici Pueblo. ,
Le théâtre est art du dialogue. Affaire d’entente, de compréhension, d’harmonie. Le théâtre propose des rencontres idéales, parfois.
En quelques années, Ascanio Celestini et David Murgia ont suivi un chemin qui nous offre régulièrement des moments fertiles et puissants de réflexion qui passe par la scène, le jeu, l’interprétation.
L’un est italien, l’autre belge –mais avec des attaches siciliennes. L’un est né en 1972, l’autre en 1988. Ecrivain, musicien, metteur en scène, acteur, Ascanio Celestini est publié chez Einaudi et représente, dans son pays et au-delà, un héritier de la tradition de Dario Fo. Du théâtre qui puise dans le monde et s’adresse à lui. Il travaille sans cesse et ses écrits ne sont pas seulement destinés à la scène. Il s’intéresse aux démunis, à ceux qui sont pauvres, aux déracinés, à ceux que l’on jette dans la marge, ceux que l’on ne voit pas, que l’on n’écoute pas. « Ce qui m’intéresse dans ces personnages, c’est leur humanité. Je veux raconter comment ils sont avant que la violence ne les transforme en centre d’intérêt pour la presse mais je veux aussi raconter le monde magique qu’il y a dans leur tête. »
Comédien, metteur en scène, auteur, frère cadet de Fabrice Murgia auteur (Le Chagrin des ogres en 2008) et lui aussi comédien et metteur en scène, David Murgia est l’un des cofondateurs du Raoul Collectif dont le dernier spectacle est Une cérémonie, en 2020.
Murgia et Celestini ont créé ensemble Discours à la Nation en 2013, Laïka en 2017, Pueblo en 2020.
La présence de Murgia, ce qu’il y a de trépidant en lui, son débit très vif, sa prise à témoin du public, tout saisit immédiatement. Accompagné du musicien Philippe Orivel, il ne donne jamais le sentiment de dire un texte, de le jouer. La grande complicité de Murgia et Celestini –ce dernier signe la mise en scène- donne à ce moment une puissance très particulière. Une vitalité, une plongée dans l’humain, sans rien de folklorique, mais avec une vérité à la Hugo, en quelque sorte ou, plus près, à la Dario Fo, justement. Pas d’exotisme, mais notre monde, pris dans le cadre d’une image qui ouvre et clôt Pueblo, celle d’un son né du déplacement de masses d’eau à la superficie de la mer…un son planétaire qui touche des indiens d’Amérique. Un signal pour piétiner, en une danse magique, la terre et faire pleuvoir les nuages…
Une légende qui rehausse toutes les inventions des gens de peu, des êtres qui se croisent dans Pueblo. Ascanio et Murgia leur donnent la parole. On les entend. On ne les oubliera plus.
Vu au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine. Des représentations de Pueblo sont prévues à Rennes, en avril, dans le cadre de Mythos, puis le 27 avril, au Wolubilis, Bruxelles, du 22 au 26 juin au Théâtre l’Ancre, à Charleroi.