Dès la première semaine d’art, en 1947, une très grande exposition occupait une partie du palais des Papes. Depuis, dans cette ville si riche de musées, chaque été, on découvre des artistes.
Tandis que le festival bat son plein, de nombreux visiteurs se rendent au palais des Papes ou sur le pont Bénezet, pour découvrir le merveilleux patrimoine d’Avignon. Américains, Japonais, il y a beaucoup d’étrangers, cet été dans la cité des Papes. On les croise même, en groupes matinaux, aux Halles, se faisant expliquer les différents fromages de chèvre, Picodons de la Drôme et autres Banons de Haute-Provence, admirant les fruits et légumes appétissants et les Tians de légumes, les flans de courgette, les caillettes, et autres délices de la région.
Dans les rues, ils s’attardent sur les façades baroques, ou beaucoup plus récentes. Dans les musées de la Ville, tout est plus compliqué…Connus dans le monde entier, le Musée du Petit Palais et la collection Campana, avec ses centaines de tableaux italiens fascinants et quelques chefs-d’œuvre plus connus, Carpaccio, Botticelli, souffrent d’un manque de personnel qui fait que certaines salles sont fermées. Il a fallu attendre le 14 juillet, après deux visites incomplètes, pour retrouver tous les trésors de ce musée unique au monde. Mais aucun conservateur, aucune conservatrice n’y ont été nommés si l’on a bien compris les gardiens et gardiennes, aimables et résignés. Ici, il n’y a plus de boutique et on ne peut plus acquérir des cartes postales ou les ouvrages des savants et savantes qui ont écrit sur ce lieu, ses collections, ses expositions. On n’oublie ni Michel Laclotte, ni Esther Moench.
Au Palais des Papes, qu’a quitté, il y a un peu plus d’un an, Dominique Vingtain, également alors en charge du Petit Palais –elle est à Marseille- les visiteurs se pressent et découvrent admiratifs le dédale des pièces et des fresques, et toute la grandeur du lieu.
Eva Jospin, artiste qui est à l’honneur cet été (et jusqu’en janvier prochain) a su très sensiblement, très intelligemment, inscrire ses œuvres dans ce monument de pierre blonde. Des œuvres impressionnantes, dans la Grande Chapelle et dans le Tinel. Peut-être est-il bon d’être un peu myope et d’avoir le sentiment que ces palais, ces forêts, ces apparitions sont consubstantielles aux murs…Mais en s’approchant, on admire le détail fascinant des œuvres. Eva Jospin aime les forêts, les jardins baroques dans lesquels on ne sait plus ce qui vient de la nature et ce qui vient de l’homme…Elle est visionnaire, elle ne craint jamais l’onirisme. La soie, la broderie sont désormais essentielles dans ses recherches. C’est très beau, parfois on est envahi d’un sentiment de tristesse, car on se dit que l’imagination d’Eva Jospin nous renvoie aux pétrifications de notre monde.
Un peu plus bas dans la ville, la Maison Jean-Vilar, dirigée par Nathalie Cabrera, reprend l’exposition des photographies de Christophe Raynaud de Lage, qui l’a modifiée sur certains points et offre des retrouvailles avec les spectacles comme avec les publics. La scénographie de Pierre-André Weitz est harmonieuse, et les images donnent une idée de la grande histoire du festival.
Au rez-de-chaussée, un hommage au grand artiste, graphiste Jacno, qui marqua les années Vilar et « inventa » les trois clés, et une évocation de Catherine Sellers, comédienne ultra-sensible, décédée il y a moins de dix ans, en 2014, et qui fut l’une des grandes figures du TNP et d’Avignon, fondant plus tard avec son mari Pierre Tabard, une compagnie qui longtemps monta des spectacles que l’on n’oublie pas. Il y a des photos, une très belle robe, des affiches, des documents précieux. Fine et frêle comme une flamme, Catherine Sellers fut l’une des grandes muses d’Albert Camus. Une lettre de lui frappe particulièrement. Elle est datée du 30 décembre 1959. « Voici ma dernière lettre ». Il meurt dans un accident de voiture le 4 janvier 60…
« Palazzo » d’Éva Jospin, jusqu’au 7 janvier 2024.Ouvert tous les jours de 9h à 19h. La visite de l’exposition est incluse dans le parcours de la visite du palais : 12€ et 10€ (tarif réduit) et un peu plus élevés si l’on visite et le palais et le pont.
Maison Jean-Vilar, se donne le meilleur spectacle du Festival « in » : Le Songe, d’après Shakespeare, par Gwenaël Morin. Jusqu’au 24 juillet, 21h30.
Et vendredi 21, à 18h30, hommage à Lucien Attoun.