C’est en Irlande que nrlandeous conduit cette saison le maître écuyer avec le Théâtre Equestre Zingaro. On découvre les Irish Travellers et leurs chants envoutants. De l’entrain et de la mélancolie, de la joie et de la poésie.
Bartabas l’avait annoncé la saison dernière : le « Cabaret de l’exil » se déclinerait en trois volets, trois créations distinctes. Après la bouleversante plongée en Yiddishland, du côté de l’Europe de l’est, c’est vers les terres de l’ouest que nous conduit le Théâtre équestre et musical Zingaro.
Avouons-le, nous ne connaissions rien des « Irish Travellers » avant de découvrir une partie de leur univers, grâce à Bartabas. Ils ne sont pas des Irlandais comme les autres : c’est un peuple à part. Leur séparation d’avec les Irlandais sédentaires remonterait au XVIIème siècle. Mais d’autres versions de leur Histoire les fait remonter au Moyen-Age. Ils n’ont été reconnus comme minorité ethnique qu’en 2017. Auparavant, on les considérait simplement comme un groupe social.
Ils ont leur langue le « shelta », un dérivé du gaëlique. On les nomme « Tinkers », rétameurs (tin, en anglais veut dire étain). Des groupes existent aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, mais les plus nombreux sont les Irlandais. A peine 30.000 pourtant.
Dans le même espace que pour le premier volet du cabaret de l’exil, avec petites tables entourant la piste et occupant une partie des gradins, et, au-dessus des banquettes plus traditionnelles, le spectacle va son train, joyeux, emporté.
On est frappé par des chevaux typique de la communauté des Travellers : pas très grands, mais plus hauts que de simples poneys, ils sont reconnaissables à leurs longs fanons qui dissimulent en partie les sabots et volent, légers, au gré des cadences. On les nomme « cob ». Leur allure donne à ces chevaux quelque chose d’irrésistible !
Mais il y a aussi l’écurie habituelle de Maître Bartabas, à commencer par le splendide Tsar que l’on reconnaît en même temps que son cavalier, visage dissimulé…Mais ne déflorons pas les images.
Beaucoup sont des déclinaisons de trouvailles magnifiques. Ici prouesse et poésie sont indissociables et l’on retrouve avec bonheur les artistes, toujours époustouflants et souvent drôles.
Une petite formation de quatre musiciens, violon, uilleann pipes (cornemuse), accordéon, piano et bodhran, ce tambour irlandais en peau de chèvre, accompagne le spectacle ponctué de chants d’une beauté poignante : a cappella Thomas McCarthy, qui appartient au peuple des Tinkers, distille la mélancolie, les chagrins peut-être, les espoirs et sans doute les rêves d’horizons et d’amour de la culture des siens. C’est absolument magnifique.
Quinze cavalières et cavaliers très doués, plus de vingt chevaux que l’on aime et reconnaît, tel Angelo ou Zurbaran, et Tsar que nous avons signalé et aussi la mule et l’âne toujours cocasses et ces chevaux aux fanons qui volent.
Et puis, parce que l’on est en Irlande, sont invités de très beaux moutons, eux aussi irrésistibles.
Théâtre équestre et musical Zingaro, jusqu’au 31 décembre, www.zingaro.fr. Durée 1h45. Très belle affiche et album de très belles photos, portraits, portraits de groupe. Elles sont signées Alfons Alt