Ce off qui vous entraîne au loin

Florian Pâque est un jeune homme de théâtre qui écrit et joue. Il a du talent. Avec Dans le silence des paumes, titre étrange, il réunit une fratrie à la mort de leur mère. Le spectacle dépend du « Train Bleu » mais se donne à l’extérieur des remparts, dans une salle de la MAIF.

Il faut compter deux heures trente, pour un spectacle d’une heure dix, à peu près. Mais cela vaut vraiment la peine. On a rendez-vous à midi au Train Bleu. Une jeune fille conduit le groupe des spectateurs jusqu’à un bus, garé en dehors des remparts. Et en route pour un lieu peu propice au théâtre, à première vue : un bâtiment contemporain de la MAIF. Un responsable se charge d’expliquer aux amateurs étonnés, les liens de la célèbre compagnie d’assurance avec la création théâtrale, et cette bonne adresse qu’est le Train Bleu.

On monte dans les étages pour pénétrer dans une salle neutre, long rectangle bien éclairé occupé par des gradins bas, sans dossiers. Et quelques éléments de jeu : un fauteuil, une table, des chaises. Les trois interprètes sont là; Deux hommes, une femme. On ne peut pas ne pas remarquer les très nombreux flacons de produits ménagers, disposés sous les meubles. Ils prendront sens et vie brillante un peu plus tard…

On ne connaît pas encore très bien le jeune dramaturge belge qui a reçu un très grand prix dans son pays. Dans Le Silence des paumes, il est question de deuil. De la mort ‘une mère et d’une fratrie qui compte deux garçons et une fille: Dans l’espace, qui n’est qu’un couloir bien aéré entre deux volées de gradins, la compagnie a su trouver de jolies configurations, des passages, des mouvements de rapprochement et d’éloignement.

En vérité, il ne faut pas en dire plus et ne pas avoir peur de ses émotions. Dans une troublante proximité, les interprètes sont vulnérables, comme le sont les personnages confrontés à la mort de leur mère.

Ils sont tous les trois finement accordés. Ils ont chacun une présence forte et beaucoup de délicatesse dans leur manière de porter les interrogations et les blessures de ces trois êtres.

La construction est habile, les ruptures du récit, des récits, très bien maîtrisées. C’est de la belle écriture, originale et tenue. C’est le jeu qui nous retient. Saluons l’audace bien tempérée de Loella Salvador, la tension blessée de Florian Pâque lui-même, la déchirure palpitante de Nicolas Schmitt. Tous sont là, sans protection. On pourrait les toucher. Ils nous bouleversent avec une force qui ne s’efface pas.

Théâtre Le Train Bleu. A midi. Compter deux heure en tout. Jusqu’au 26 juillet.