A la demande de la chanteuse Clarika, Emmanuel Noblet a composé, avec elle et Maissiat, une évocation de l’univers de l’Académicien, en chansons, dialogues, sketches. Tous trois sont en scène avec le pianiste Mathieu Geghre.
Tous ceux qui l’ont connu le savent : ce travailleur obstiné, brillant dans des domaines très divers, était aussi un homme qui savait se rendre disponible et avait un grand souci des autres. Il ne donnait jamais le sentiment d’être stressé. Or, il ne cessait d’écrire, d’inventer, il avait des textes à rendre, dans l’urgence, souvent. Il avait toujours été plus que doué –dès l’enfance- et l’on admirait sa virtuosité. Il souriait, il rayonnait, il avait le culte de l’amitié. Il aimait admirer.
Jean-Loup Dabadie avait toute sa place à l’Académie Française. Il était un grand écrivain. Romancier, dramaturge, scénariste, parolier, auteur de sketches, il excellait dans tous les genres. Il est mort tôt, en mai 2020, le 24, quelques jours avant son frère de rire, Guy Bedos qui s’est éclipsé le 28.
Auprès du grand public, il était célèbre pour ses scénarios et ses irrésistibles dialogues. Avec Yves Robert, avec Claude Sautet. Parfois avec Claude Néron, Paul Guimard, notamment. On ne refera pas ici tout son parcours.
Vous retrouverez l’essentiel dans le spectacle mis en scène et interprété par Emmanuel Noblet, Dabadie ou les Choses de nos vies.
Le titre est très juste : ce qui nous retient en Jean-Loup Dabadie est que, comme tous les grands artistes, il fait de situations uniques, des moments universels.
La cascade des textes de chansons, sur des musiques d’Alain Goraguer, de Michel Polnareff, de Philippe Sarde, notamment, permet d’aller au-delà de la joliesse des jours, des sentiments, des impressions. Il ne s’agit pas seulement d’amour et de joie de vivre, il ne s’agit pas des choses de la vie, mais aussi de mélancolie, de chagrin, de tristesse.
Une scénographie simple, un panneau-écran qui tourne, des ombres, de très belles lumières, signées Camille Duchemin. A jardin, le musicien-comédien, au piano et claviers, Mathieu Geghre, qui signe les arrangements et intervient dans le jeu, sympathique.
Emmanuel Noblet est le référent masculin, charmeur et intimidé à la fois, entre deux filles de grand caractère. La longue et androgyne et brune Maissiat, dans son pantalon jupe d’amazone, chapeau sur le crâne. Parfois, elle répond musicalement, côté cour, à Mathieu Geghre. Beau timbre, souplesse de la voix.
Clarika, au contraire, est blonde, plutôt petite, et résolument habillée genre Courrèges 60-70…Une grâce enfantine, et elle aussi un très beau timbre. Elle a voulu ce spectacle et elle le sert à merveille. Vive, avec sa grâce à la France Gall, sa gravité à la Huppert.
Pour le moment, même s’ils l’ont déjà joué cet été, les interprètes doivent trouver leurs marques et aller vers plus de joie, de rire, d’éclat. Pour le moment, c’est un peu comme si la mélancolie l’emportait…
Théâtre de l’Atelier, à 19h00 du mardi au samedi, dimanche à 15h00. Durée : 1h20. Jusqu’au 31 décembre. Relâches les 24 et 25 décembre. Tél : 01 46 06 49 24.