Mis en scène par Agathe Alexis, il interprète un texte qu’il a composé d’après la vie vraie d’un habitant de Limoux. « Mister Paul » se joue avec accent, humour, mélancolie.
Il nous étonnera toujours, décidément, Jean-Marie Besset. On l’a connu auteur plein de promesses dans Villa Luco que Jacques Lassalle avait mis en scène au Théâtre National de Strasbourg. Deux géants du théâtre interprétaient De Gaulle et Pétain. Maurice Garrel et Hubert Gignoux.
Ce fut le début d’une carrière très brillante avec des pièces toujours fortes : Ce qui arrive et ce qu’on attend, Rue de Babylone, pour n’en citer que deux.
Jean-Marie Besset est également le créateur d’un festival qui permet de découvrir chaque été des écrivains neufs. NAVA : nouveaux auteurs en vallée de l’Aude, se situe à Limoux, sa ville natale.
Carnaval, bons vins, et désormais ce très joli rendez-vous de l’été qui a su gardé une personnalité forte et beaucoup de charme.
Tout n’est pas toujours simple dans la vie d’un auteur dramatique. Jean-Marie Besset a connu des moments de flottement, de doute. Il était un très bon directeur du Théâtre des Treize Vents à Montpellier. Il a été limogé par une ministre mal éclairée.
Besset ne prétend pas être un saint et parfois il se trompe et peut irriter. Mais il n’a rien perdu de ses qualités d’écriture, comme en témoignait récemment son Jean Moulin.
Avouons que nous ne nous attendions pas à ce nouveau travail. Avec Mister Paul qu’il a écrit et interprète sous la direction sagace d’Agathe Alexis, il nous étonne.
Monsieur Paul est un homme qu’il a connu. Né comme lui à Limoux, mais son grand aîné. Plutôt de la génération des parents de Jean-Marie Besset. Et d’ailleurs ceux qui ont suivi un peu le festival NAVA, reconnaissent en une jeune fille nommée Loulou, la maman de l’écrivain…
Monsieur Paul était né en 1933 et s’est éteint, dans sa patrie, en 2010. C’est un « personnage ». Un homme qui a voulu traverser ce mur terrible qui sépare : de son temps, et dans cette ville, il était très difficile d’avouer que l’on voulait changer de sexe, devenir une femme…
Monsieur Paul est très touchant et l’on suit sa vie et son grand trajet professionnel par le récit que nous en fait un Jean-Marie Besset qui s’interrompt parfois pour chanter et qui se déplace sur le plateau comme un roi de music-hall. Il a choisi de respecter l’accent de ce sud ouest chaleureux que l’on ne perd jamais tout à fait…
Il connaît bien les êtres ligotés, Besset. On n’oublie pas Perthuis. Paul a compris très tôt qu’il fallait aller chercher loin sa liberté : New York, les Nations Unis, l’Afrique et le Gabon en particulier. Il a vu du pays, il a travaillé, il a construit, il s’est dévoué pour les autres. Mais il n’a sans doute pas réussi à être heureux et à vivre ses vérités profondes.
Dans un décor très malin et harmonieux de Claire Belloc, des lumières flatteuses et douces de Stéphane Deschamps, une chorégraphie bien accordée au propos de Jean-Marc Hoolbecq, on suit ce récit, cette interprétation. Pour le moment, cela demeure un peu long, un peu trop long pour un monologue. Jean-Marie Besset connaît bien la vie de Mister Paul, il connaît bien Limoux. Il veut tout nous dire.
Or il nous semble qu’il gagnerait en émotion, en puissance, s’il renonçait à des précisions. Si, au lieu de rendre compte complètement de la vie vraie de Monsieur Paul, il en faisait un personnage de théâtre avec ellipses, raccourcis.
A la très sensible et rigoureuse Agathe Alexis de l’aider à renoncer à certains passages. Mais tel quel ce moment, très inattendu, que Régis de Martrin-Donos a également participé à faire naître, si l’on en croit l’affiche, est savoureux et touchant et la jubilation de Jean-Marie Besset est tangible.
Il a écrit deux autres monologues pour former un cycle : « Gens de Limoux ». A venir, Odette Libre et Le Docteur a la fièvre…A suivre, donc !
Théâtre de l’Atalante, à 20h30 les mardi, mercredi, vendredi, à 19h00 les jeudi et samedi, à 17h00 le dimanche. Durée : 1h30. Tél : 01 46 06 11 90. Jusqu’au 22 décembre.