Loïc Volard, une générosité fraternelle

Formé comme comédien, il fut un homme qui se consacra à défendre le théâtre, à le faire connaître. Il dirigea le Jeune Théâtre National, fonda dans sa ville natale, le Club de Nantes et créa, avec son ami Jean-Claude Houdinière, Théâtre Actuel et le CADO d’Orléans. Il s’est éteint il y a quelques jours. Il avait 87 ans. Sa famille et ses amis lui diront adieu mercredi, au Père-Lachaise.

On ne l’oubliait pas. Pas du tout. On s’était peu à peu habitués à ne plus le croiser dans les salles de Paris, des régions, des festivals. Il avait la passion du théâtre. La passion de construire, de partager, de transmettre. Loïc Vollard aura été l’une des grandes figures du théâtre français depuis l’orée des années cinquante et jusqu’aux premières années du XXIème siècle. Si on le voyait moins, ce qu’il a élaboré existe toujours et continue de rendre le théâtre vivant.

Loïc Volard s’est éteint le 8 juin dernier, à Paris. Il avait 87 ans. Son fils François Volard, lui aussi dans le monde du théâtre, et sa belle-fille Mia Koumpan l’on annoncé. La date des adieux est fixée à mercredi prochain, 18 juin, à 15h30, à la Coupole du Crématorium du Père-Lachaise.

Loïc Volard avait toujours eu la passion du théâtre. Si son père était industriel, sa mère était harpiste, et il baigna dans une atmosphère artistique. Très tôt, tout jeune, une dizaine d’années, pas même adolescent en ce temps-là, il avait joué dans Asmodée, puis dans Le Voyageur sans bagages.

Il a seize ans –et un mois précise sa légende- il va vivre à Paris, car il est admis rue Blanche, dans la classe de Robert Manuel. On est en mars 1955. Un peu plus de deux ans plus tard, il monte Le Jeu de l’amour et du hasard, de Marivaux et s’embarque, avec une bande d’amis, pour Moscou. Il a de l’énergie et du talent. Un physique ouvert, un regard, un sourire qu’il gardera toute sa vie.

Roger Planchon l’a repéré et l’engage pour l’aventure du Théâtre de la Cité de Villeurbanne. Il joue avec Jean Bouise et Isabelle Sadoyan. Loïc Volard a créé lui-même sa propre jeune compagnie. Au fil du temps, lui et ses camarades vont faire mettre en scène des classiques par quelques aînés tels Jean-Laurent Cochet, Jacques Rosny, Yves Gasc, Michel Vitold. Décidément très repéré, Loïc Volard va être désigné pour assurer les soirées théâtre des JMF, les Jeunesses musicales de France. Un grand travail de 1962 à 1966. Ils ont sillonné la France. A Nantes, sa ville natale, le théâtre de qualité n’est assuré que par les Galas Karsenty et Loïc Volard lance, en 1968, le « Théâtre club de Nantes ». Il a de belles ambitions et c’est Madeleine Renaud qui sera la première invitée : elle jouera Oh ! Les beaux jours. D’autres grands noms de l’écriture contemporaine seront à l’affiche : René Ehni, par exmple et de grands comédiens viendront au rendez-vous du « Théâtre Club » : Gisèle Casadesus, Françoise Seigner, Pierre Fresnay, Sacha Pitoëff,  Jacques Mauclair, Laurent Terzieff, Raymond Devos, notamment.

En 1971, il va devenir le premier patron du Jeune Théâtre National (JTN) et proposer des spectacles avec les jeunes issus du Conservatoire national. Des pièces marquantes qui révèlent et auteurs et interprètes. De grandes années de création qu’il va poursuivre, avec son ami Jean-Claude Houdinière, en reprenant l’Athénée. Leur rêve est de faire tomber les barrières entre public et privé. Ils lancent des abonnements. Le public suit. Mais sans leur travail pour la télévision, un travail pour la « Chaîne 2 », dirigée par Pierre Sabbagh, les recettes ne seraient pas suffisantes. A cette époque, arrive aux deux amis de jouer. En 1974, ils sont à l’affiche des  Justes de Camus, mise en scène de Pierre Franck. Marion Sarraut filme la production. L’éclatement de l’ORTF va faire capoter leurs belles actions. Pierre Bergé va reprendre l’Athénée, effaçant les dettes.

Loïc Volard et Jean-Claude Houdinière créent une entreprise de tournées, Théâtre Actuel. En 1975, Loïc Volard est nommé à la direction de la Maison de la Culture de Nantes. Dix ans durant il y assure un travail exigeant, et continuera à l’Espace 44, à Nantes également.

Puis vient le CADO d’Orléans, une institution différente qui acquiert le statut de Centre dramatique. Débuts en 1988. Une très longue et très brillante histoire qui est mieux connue que les années qui précèdent. Aujourd’hui, c’est Christophe Lidon qui dirige le CADO. Un « Théâtre Actuel », une salle, existe à Avignon. Les productions, les tournées continuent, la jeunesse a repris le flambeau. On n’oubliera pas Loïc Volard, ses exigences sans raideur, sa générosité, sa haute conscience du théâtre, écrivains, metteurs en scène, interprètes et équipes qui font la vie des institutions, privées comme publiques.