Olivier Schmitt, profession journaliste

Il aura été l’une des très belles plumes du quotidien Le Monde, exerçant ses talents dans différentes rubriques. Critique dramatique aimant et spirituel, il avait choisi d’autres voies depuis quelques années. Il s’est éteint brutalement, d’une crise cardiaque, la nuit dernière. Il était né le 4 avril 1957.

Soixante-huit ans. Soixante-huit ans ce vendredi 4 avril et Olivier Schmitt s’est éteint dans la nuit, arraché à la vie par une crise cardiaque. Nuit presqu’estivale, sur Paris, hier soir, nuit où l’on ne peut pas imaginer le moindre drame. Mais les Parques coupent sans prévenir le fil de la vie.

Olivier Schmitt était né le 4 avril 1957. Le journalisme fut son chemin dès après son bac. Il entreprend des études universitaires tout en préparant le concours d’entrée au CFJ (centre de formation des journalistes) où il est admis. Son diplôme obtenu, il entre au Monde, le prestigieux quotidien du soir.

Il a la fibre journalistique. Il aime bouger, voir, parler, enquêter, comprendre la société. Dans le début des années 80, après s’être intéressé aux transports et avant de se consacrer à la région Ile-de-France, il passe quelques saisons au sein de la rubrique tourisme, ce qui satisfait son goût des voyages et des rencontres avec l’autre. Il écrit très bien. Il sait rendre en notations sensibles, impressions et informations.

C’est au service culture qu’il va trouver sa plénitude, à partir de 1984-1985. Par le théâtre, en particulier, une de ses passions. Critique durant vingt fertiles années, il ne se comporte jamais en « rubriquard ». Il va au spectacle en journaliste, en reporter.

On lui confie de grandes responsabilités : il dirige le suppléments « Arts et Spectacles », il dirige le service culture et participe à la création du magazine « Le Monde 2 », dont il était devenu, en 2004, le rédacteur en chef.

Diriger, c’est bien, mais cela suppose un travail de bureau, de « desk ». Des tâches qui ne le rebutent pas, mais, il a envie de retrouver le terrain. Grand reporter au sein du service « France », il retrouve son goût pour les déplacements, les enquêtes, plongeant au cœur de la société.

Il y a une quinzaine d’années, il avait fait un nouveau choix qui devait lui apporter de très belles expériences et des moments plus toniques de liberté. Il quitte Le Monde, fonde une société de conseil. Et enchaîne de très belles aventures. Auprès de Martine Aubry, il plonge dans la politique, sans lâcher, évidemment avec elle, les fils de la société et de la culture. Il enchaîne, quelques saisons plus tard, avec Jean Nouvel et ses aventures architecturales. En 2016, il retrouve son cher théâtre. Il ne l’a jamais quitté : on le croise le soir, on le retrouve dans les festivals. Et il devient conseiller artistique de La Scala que viennent de faire renaître Frédéric et Mélanie Biessy.

Ces derniers temps, et cette mission le remplissait de joie, il avait fait le tour des musées de région dépendants de la RMN (Réunion des musées nationaux), et de retour à Paris, poursuivait ses analyses de ce réseau assez extraordinaire. Didier Fusillier, directeur de la RMN, comptait sur ce rapport. Il aimait beaucoup Olivier Schmitt, son intransigeance et son esprit, son intelligence.

Collaborateur d’émissions à la radio, à la télévision, Olivier Schmitt avait écrit des livres et publié un très beau volume d’entretiens avec Laurent Terzieff.

Ce soir on pense à tous ces spectacles partagés, ces conférences de presse, ces rencontres avec les metteurs en scène, les ministres, les artistes. On pense, sans la connaître, à sa maison du Maroc, son refuge préféré. On pense à sa famille. On pense surtout à Philippe Chevilley, grand journaliste, lui aussi, son mari, son camarade. On sait que les mots sont impuissants à consoler, mais l’on sait que l’on n’oubliera pas Olivier Schmitt, sa longue silhouette, ses lunettes d’intello, sa voix chantante, ses rires d’enfant.