Tchéky Karyo, d’abord le théâtre

Un très grand artiste s’est éteint vendredi. Tout le monde lui a rendu de très beaux hommages, rappelant d’abord sa grande carrière cinématographique. Mais il y eut, à ses débuts et pour très longtemps, la scène

Il était né à Istanbul, portait un nom aux consonances turques, mais la France fut sa terre de formation et le français une langue qu’il aimait particulièrement, comme l’anglais qui lui permit de faire une très grande carrière américaine et anglaise, des films aux séries à spectre international.

Tchéky Karyo tenait une place très particulière dans les coeur du public et des critiques, en France. On devine, en constatant l’ampleur des articles, radio, télévision, presse écrite, qu’il était aimé. Très aimé.

On a laissé passer quarante-huit heures. Deux jours à se souvenir. A se dire : à quoi bon écrire. Mais nous avons été frappée par le fait que si le parcours cinématographique de Tchéky Karyo est partout cité et commenté, on passe très vite sur sa passion du théâtre.

Voici donc quelques souvenirs. La première fois, c’est à Vincennes, au Théâtre Sorano. Après Debauche et Savary, un très jeune metteur en scène a pu s’installer avec les comédiens de sa compagnie l’Estrade. Daniel Benoin. Tous les talents que l’on connaît encore aujourd’hui sont là, et pour n’en citer que très peu, souvenons-nous des soeurs Huppert, Caroline et Isabelle -Jacqueline, l’aînée, très douée, s’est éclipsée- de Brigitte Catillon, de François Berléand, tant d’autres.

Tchéky Karyo est déjà là, tout entier. Une voix très douce, une présence très forte. quelque chose d’une tendresse profonde en même temps qu’un physique viril, et ce regard clair qu’il illuminera les films si nombreux qui l’éloigneront des planches. Les mêmes armes que celles du jeune Gérard Depardieu qui débute alors lui aussi.

Tchéky Karyo ne croyait pas au talent brut. Malgré ses atouts, cette présence très séduisante, ses débuts convaincants, il s’est formé et a été jusqu’à l’Ecole du TNS (Théâtre national de Strasbourg) et travaillé auprès de très grands metteurs en scène, artistes de rupture, tel André Engel.

Plus tard, on le retrouve auprès de metteurs en scène aussi exigeants : Gabriel Garran, Jacques Rosner, Jean-Claude Fall, Enzo Cormann, Sandrine Anglade, beaucoup d’autres, Michel Didym, Georges Lavaudant, mais n’oublions pas Eric-Emmanuel Schmitt. Il va retrouver Daniel Benoin en 2012 pour Le Roman d’un trader de Jean-Louis Bauer.

Un an plus tard, il fait partie de l’équipe d’interprètes qui se succèdent pour Inconnu à cette adresse .au Théâtre Antoine, sous la direction de Delphine de Malherbe.

Ci-dessous :

Quelques jalons, venus de Wikipedia.

·  1979 : Hôtel moderne d’après Kafka, mise en scène André Engel, Théâtre national de Strasbourg

·  1979 : Vingt minutes avec un ange – Anecdotes provinciales d’Alexandre Vampilov, mise en scène Gabriel Garran, Festival d’Avignon

·  1980 : Du côté des îles de Pierre Laville, mise en scène Jacques Rosner, théâtre de l’Odéon

·  1981 : L’Exception et la Règle de Bertolt Brecht, mise en scène Jean-Claude Fall, théâtre de la Tempête

·  1982 : Tête-à-tête, mise en scène Enzo Cormann, théâtre Ouvert

·  2004 : Solness le constructeur d’Henrik Ibsen, mise en scène Sandrine Anglade, théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet

·  2008 : La Tectonique des sentiments d’Éric-Emmanuel Schmitt, mise en scène de l’auteur, théâtre Marigny

·  2009 : La Nuit de l’iguane de Tennessee Williams, mise en scène Georges Lavaudant, MC93 Bobigny, MC2

·  2010 : Le Tigre bleu de l’Euphrate de Laurent Gaudé, mise en scène Michel Didym, Teatro Festival Italia Naples

·  2011 : Le Tigre bleu de l’Euphrate de Laurent Gaudé, mise en scène Michel Didym, théâtre Ouvert, théâtre de la Manufacture, théâtre de l’Union, Le Volcan, tournée

·  2012 : Le Roman d’un trader de Jean-Louis Bauer, mise en scène Daniel Benoin, tournée

·  2013 : Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor, lecture dirigée par Delphine de Malherbe, théâtre Antoine

·  2016 : Jimi Hendrix, monologue électrique de Zéno Bianu, mise en scène Jean-Michel Roux, Théâtre national du Luxembourg[13