On sort du Théâtre de l’Athénée, galvanisé par un spectacle allègre et irrésistible. On a le sentiment qu’une fée a tourné pour nous les pages d’un grand livre en couleurs acidulées. Il s’adresse aux enfants comme aux adultes. C’est un travail aussi exigeant qu’inventif, une bouffée cocasse et poétique à applaudir d’urgence à l’Athénée.
On ne saurait prétendre que l’ouvrage, signé Félix Fourdrain ( 1880-1923), organiste et compositeur, sur un livret d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, soit un immortel chef-d’œuvre. De plus, Valérie Lesort, cette fée, a réécrit le livret et, ce que l’on a dans les oreilles, ce que l’on peut lire, sur les surtitrages très bien installés et lisibles, lui doit beaucoup.
Mais elle n’abîme en rien l’original. Elle est merveilleuse, car elle a toujours su respecter l’esprit des ouvrages, et ceux qui l’ont précédée.
Cette version avec orchestre et chanteurs très doués, est un bijou –non pas d’inanité- mais de fantaisie sonore et spectaculaire.
Dans la fosse, les Frivolités Parisiennes, que l’on aime beaucoup, que l’on apprécie toujours. A leur tête, Dylan Corlay et, en cheffe de chant, Delphine Dussaux.
L’œil est très sollicité. Valérie Lesort a toujours su s’appuyer sur des artistes très imaginatifs. C’est elle qui donne les humeurs et les couleurs. Mais encore faut-il offrir matière à ses rêves. La scénographie, les décors, et les costumes irrésistibles de Vanessa Sannino et ceux qui ont élaboré tout cet univers, donnent la personnalité profonde de la représentation. Evidemment, chacun ici doit se délecter du travail qu’il a à accomplir, mais combien de difficultés sur le chemin de la fabrication (plus que de la couture) des costumes.
Tout est ravissant et drôle ! Comment faire paraître le Petit Poucet ? Chut : Vous comprendrez après un bref moment d’incrédulité…
les effets sont artisanaux, dans la tradition du grand théâtre à machines -en simple et malicieux- et si ses abeilles bourdonnent autour des lettres projetées sur le grand rideau plat, l’écran qui descend pour passer d’une scène à l’autre et annonce les différents épisodes, on n’a pas ici d’appuis faciles de la vidéo.
On ne passe pas d’un conte à l’autre : les personnages principaux passent d’un univers à l’autre. Les liaisons sont fluides et délicieuses et l’on accepte de n’avoir pas, en entier, le conte lui-même, tel que nous le connaissons tous, pour passer, légèrement, doucement, à une autre histoire.
On vous laisse découvrir cette construction très délicate. On vous laisse être époustouflé par les interprètes, belles voix et grand métier, tessitures fidèles aux décisions des premiers concepteurs de cet ouvrage que nous ne connaissions pas –mais nous ne sommes pas les seuls- et qui, ici, revivifiés par l’intelligence et l’humour, la science de l’illusion et la confiance dans l’émerveillement, à être comblés et enthousiastes. A suivre.
Théâtre de l’Athénée, à 20h00 jusqu’au 17 avril (avec quelques relâches) et 16h les dimanches 6 et 13 avril. Durée : 2h15 entracte inclus. Première partie : 1h05, entracte de 20 minutes, 50 minutes pour la deuxième partie. Tél : 01 53 05 19 19.
www.theatre-athenee.com
Créé du 28 au 30 mars à l’Opéra de Reims, le spectacle sera donné le 24 avril au Théâtre Impérial-Opéra de Compiègne, le 27 avril au Théâtre Raymond-Devos de Tourcoing, du 21 au 26 novembre à l’Opéra de Dijon.