Elle est Sociétaire de la Comédie-Française, joue et chante. Il est un musicien complet, compositeur, instrumentiste et proposent ensemble, au Studio-Théâtre, « Poètes, vos papiers ! », dans la lumière de Léo Ferré. Une merveille.
Sur le plateau du Studio-Théâtre, il y a de nombreux instruments de musique. Un piano classique, un piano électrique, un accordéon, une batterie, plusieurs guitares…Jouent-ils donc tous ces instruments les deux artistes que l’on vient applaudir ? Non. Juste avant leur Poètes, vos papiers ! leurs camarades de la Comédie-Française ont repris Les Serge (Gainsbourg Point Barre) et l’on ne peut que vous conseiller d’aller les voir ou les revoir ! Ils se produisent à 18h30. Marie Oppert et Stéphane Varupenne, Sébastien Pouderoux, Benjamin Lavernhe, Noam Morgensztern, Yoann Gasiorowski. Des as.
C’est pourquoi, il faut attendre 21h00 pour découvrir Poètes, vo papiers ! Véronique Vella a conçu ce moment, elle a embarqué Benoît Urbain, pour musiques originales et arrangements. Ils jouent et chantent, tous deux. Ils sont vêtus simplement : chemise blanche, pantalon noir, chaussures souples qu’ils enfilent devant nous.
Le titre fait référence au Poète (au singulier) vos papiers ! de Léo Ferré, son premier recueil de poésies, publié en 1957 (La Table Ronde). Un 33 tours comportant certains des textes paraît juste avant et la chanson viendra plus tard, en 1970.
Il est très présent dans ce récital qui se déploie en une vingtaine de chansons. Véronique Vella s’est fixée une règle : tous les textes sont des poèmes mis en musique. Benoît Urbain a composé la musique de plusieurs délicates pages. Hugo et sa Chanson, Verlaine et Ces passions..., Baudelaire et Le Vin des chiffonniers, mais aussi Marie-Noëlle, Chanson, le cher Pierre Debauche, Je me rapproche, Lucette-Marie Sagnières (moins connue, avouons-le) et Sans titre, Clarisse Nicoïdsky, Poème. Soit sept en tout, avec des tonalités heureuses, tendres, mais des zones plus sombres également, selon la tonalité des oeuvres écrites.
Parfois, Véronique Vella joue un instrument, au piano, avec lui, ou s’essaye à une belle guitare basse, celle de Benjamin Lavernhe, ou joue l’accordéon. Quant à lui, Benoît Urbain, il entre dans le jeu, disant des textes, les chantant.
Il y a des moments bouleversants, comme Ame te souvient-il ? de Verlaine sur une musique de Léo Ferré qui joue toute seule. Magnifique. Des moments classiques, comme Je chante pour passer le temps d’Aragon, plus âpres comme Une charogne de Baudelaire, très touchants comme Je dis aime d’Andrée Chedid sur une musique de Mathieu Chedid.
On n’en finirait pas d’énumérer. Véronique Vella a toujours été une voix, une grande voix et une interprète d’une finesse bouleversante.
Genet avec Hélène Martin, Artaud avec C.Richard (saviez-vous qu’il a été mis en musique?). Il y a du Norge, une magnifique chanson de Nâzim Hikmet, il y a de l’émotion, de l’intelligence, du rire.
Et il y a Pierre Mac Orlan, que l’on aime tant. Une formidable recréation en blues de J’ai dans la Caroline. Composition de Philippe-Gérard, très présent dans ce récital, arrangements de Benoît Urbain, interprétation merveilleuse de Véronique Vella.
Et puis il y a Le Pont du Nord, Mac Orlan et Philippe-Gérard. La plus triste, la plus obsédante, la plus belle, peut-être, et qui revient, lancinante, dans la tête, dans le coeur…
Studio-Théâtre de la Comédie-Française, Galerie du Carrousel du Louvre, à 21h00 ou 15h00. Jusqu’au 2 mars. Durée : 1h15. Tél : 01 44 58 15 15.
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