Elle joue, avec le musicien Pascal Sangla, dans une adaptation qu’elle signe avec le cinéaste Fabien Gorgeat de la nouvelle d’Emmanuèle Bernheim, « Stallone ». Sensible et rare.
Cela paraît tout simple. Simple comme une bonne bagarre. A fleur de gradin, dans un des studios du 104, Pascal Sangla, derrière son installation musicale et Clotilde Hesme, debout derrière un micro, mais pas toujours, donnent une version tendre et musclée à la fois d’un texte très inattendu de la regrettée Emmanuèle Bernheim, Stallone.
C’est le cinéaste Fabien Gorgeart qui signe, avec Clotilde Hesme, l’adaptation de ce texte qui date de 2002. Franchement, on est ravi devant ce travail, modeste dans ses dimensions, une heure quinze, et dans son déploiement spectaculaire : juste ce plateau nu, Sangla derrière ses claviers mais qui joue également plusieurs personnages, et la comédienne qui endosse les rêves et l’énergie de l’héroïne, de Lise. Qui est Lise.
Une jeune femme qui s’éveille parce qu’elle a vu Rocky III et découvert Sylvester Stallone. Une jeune femme qui est portée par la musique, Eye of the Tiger, l’œil du Tigre (c’est ainsi que l’on nomme aussi une pierre semi-précieuse).
Elle se consacrait à un univers qui l’étouffait. Elle décide qu’elle va reprendre ses études de médecine, abandonnées après deux années. Les plus difficiles, pourtant. Elle retourne chez ses parents, chercher ses livres et ses polycopiés. Son père ironise. Tout le monde est circonspect autour d’elle.
Mais, malgré sa peur et son découragement passager, Lise s’y met. Elle va vaincre. Advenir à elle-même, devenir médecin.
Le livre de la regrettée Emmanuèle Bernheim est bref, avec ses rythmes caractéristiques de cet écrivain à la plume incisive. L’adaptation de Gorgeart et Hesme est excellente. Les interprètes s’entendent à merveille. Lui, que l’on connaît bien et qui aime le théâtre (on l’a souvent applaudi au Studio-Théâtre de la Comédie-Française, entre autres espaces) est d’une finesse, d’une justesse merveilleuses. Un partenaire profond, attentif essentiel.
Elle, visage nu, vulnérable et portée par une lumière qui est la franchise de Lise, est, comme toujours, étonnante d’audace, de liberté, de vérité.
Un très beau moment sur lequel on pourrait allonger les analyses, tant il est riche, profond. Mais allez-y vite, c’est bien mieux de voir, de recevoir, de rire –car l’humour est là- et d’être bouleversé…
« Stallone » d’après Emmanuelle Bernheim au 104, jusqu’au 19 octobre, puis du 22 au 26. A 20h30, du mardi au samedi, dimanche à 17h00. Durée : 1h15. Tél : 01 53 35 50 00. www.104.frPuis en tournée du 6 au 9 novembre à Rennes, TNB, puis le 12 novembre à Tulle, l’Empreinte, du 13 au 15 mai à Toulon, au Liberté.