A côté des artistes très connus, l’essentiel des spectacles est proposé par des compagnies émergentes et des équipes non dénuées de talents.
Macha, Présence Pasteur, 12h30, durée 1h00, jusqu’au 28 juillet, relâche le 25.
Une femme en rupture, une femme de rupture. Le texte de Géraldine Serbourdin est assez conventionnel. Voici d’ailleurs la manière dont l’argument est résumé pour le public : « Macha, est une femme de plus de quarante ans. Sa vie bascule après son divorce. Alors, se déchirent toutes ses croyances en l’amour, qu’elle concevait exclusif et rebelle. Tout son socle de valeurs et d’engagements se disloque. Elle opte pour une vie sans destin, sans éthique ou seuls l’alcool et le plaisir lui sauvent la peau. Les mots déversés sont au centre, parfois épineux, tendres, bruts, en rupture. Des mots qui disent le vertige de l’arrachement physique, social et même politique de Macha à l’ancien monde. »
On peut regretter que l’écriture ne soit pas plus originale. Il n’y a pas ici de puissance verbale éclatante. Mais on comprend bien ce qui a pu séduire les artisans de ce moment que l’interprétation rend intéressant, même s’il n’échappe pas non plus à du déjà-vu. La compagnie LaZlo vient du Nord. Audrey Chapon signe la mise en scène. C’est elle qui a fondé LaZlo et elle a déjà monté Géraldine Serbourdin.
Ce qui frappe, ici, c’est le côté « performance » de la représentation, voulu par la metteuse en scène et qui convient bien aux personnalités des interprètes. Enveloppés des lumières de Richard Guyot, deux artistes attachants donnent corps au texte. Le violoncelliste Timothée Couteau, remarquable, belle présence et dons évidents, est en dialogue avec celle qui est la fibre de Macha, Caroline Mounier : une table, des bouteilles de verre pleines d’eau, un micro, et la voici qui, de la position de conférencière au basculement dans le jeu pur, s’énerve et s’enflamme. Elle a du nerf, une voix, une présence. Mais qu’elle se méfie d’une chose : elle admire trop Romane Bohringer. Timbre, inflexions, respiration, manière de bouger, elle est trop proche de ce modèle…Qu’elle fasse donc confiance à sa propre personnalité !
Reconversion, Théâtre des Barriques, 12h35, durée 1h00, jusqu’au 29 juillet, relâche le mardi.
Ils le disent, ils se sont inspirés de La Brigade du rire de Gérard Mordillat. Ils n’ont pas retenu tous les personnages. Ici, il y a seulement une fille et trois garçons, dont la victime. Car ici, la « reconversion » est forcée…Ils ont fait la grève, mais ne voient pas d’issue à leur mouvement. Alors, tels des Pieds Nickelés légèrement engagés, ils décident d’enlever un éditorialiste, vedette d’une chaîne d’info, un type pas très sympa qui a beaucoup critiqué l’usine et le mouvement. Chez Gérard Mordillat, il se nomme Pierre Ramut et travaille à Valeurs françaises (rien à voir avec un magazine quelconque !). Ici, il s’appelle Edouard Delacasse. Il est enfermé dans une cave et non dans un bunker. Mais il est forcé au travail selon ses propres prescriptions…C’est très méchant, cruel. Et scandaleux, en fait. Mais la manière dont les comédiens et la comédienne de la compagnie des Barriques s’emparent de l’histoire et des personnages, est d’abord cocasse. Le message passe quand même ! Citons les adaptateurs : Régis Vlachos et Matthieu Hornuss. Ce dernier signe la mise en scène très agitée, et un peu bruyante. La musique de Christophe Charrier est balancée trop fort pour le petit espace scénographié par Capucine Grou-Radenez, et les comédiens ont tendance à trop crier ! Mais on accepte cette exagération car les interprètes sont bons : dans les costumes de Violaine Decazenove et les lumières de Idalio Guerreiro. Enfin saluons les acteurs : Lucie Jousse, épatante et ses camarades, Jean-Mathieu Hulin, Mathieu Metral, Boris Ravaine.
Par ailleurs, le Théâtre des Barriques, à deux pas de la Place des Carmes, est devenu au fil des ans, une adresse sympathique, très courue dès le matin, car il y a de bonnes productions pour les enfants comme pour les adultes.