Brice Hillairet, artiste époustouflant

On l’admire depuis longtemps. Mais avec Hedwig and the Angry Inch, il est enthousiasmant. Travesti, chantant, dansant comme une rock star de légende.

Lorsque cette étonnante production sera reprise, au Café de la Danse, à Paris –mais on l’aurait bien installée dans une grande salle, telle le Théâtre Libre ou La Scala- nous en reparlerons plus longuement, plus précisément. Pour le moment, saluons le talent des interprètes, musiciens, comédiens et chanteurs, garçons et filles et l’entourage technique et artistique de ce spectacle d’un très grand professionnalisme.

Hedwig and the Angry Inch, cache sous un titre grinçant, une manière de tragédie, mais une tragédie que le héros transformerait, douloureusement, cruellement, en victoire.

Au commencement, il y a John Cameron Mitchell. Il a aujourd’hui une soixantaine d’années. Ce fils d’officier est entré en grand fracas, après quelques années d’engagements comme comédien, dans le monde de la comédie musicale et de la culture gay. C’était en 1998, avec la création off Broadway d’Hedwig and the Angry Inch.  Un triomphe tel que l’auteur lui-même l’adaptera au cinéma dès 2001, permettant le voyage du film et de son « héros », tout autour du monde.  Sur les planches, Hedwig revient dès 2014,  en pleines lumières de Broadway.   Avec, toujours, les compositions et lyrics de Stephan Trask.

La comédie musicale a été présentée dans le monde entier. Voici enfin la version française, très fidèlement adaptée par Brice Hillairet lui-même et le metteur en scène Dominique Guillo, assisté pour la naissance du spectacle de Grégory Juppin.

Disons-le, on n’en revient pas ! La qualité professionnelle de ce spectacle du « off » est extraordinaire. Tout est d’excellence et, au piano, Raphaël Sanchez, qui assure la direction musicale, est idéal. Comme ses camarades, il participe aux chœurs, essentiels dans cette production. Lucie Wendremaire est à la batterie, Louis Buisset, à la guitare, Antonin Holub, à la basse. Et tous sont les chœurs…

Deux protagonistes : Anthéa Chauvière, une fille, oui, est Yitzhak, et Brice Hillairet est donc Hedwig. Dans les costumes de Jackie Tadeoni et les extravagantes coiffures et maquillages d’Audrey Broca, enveloppés des lumières de Jacques Rouveyrollis et Jessica Duclos, avec son bien équilibré par Christophe Yvernault et des vidéos du metteur en scène et  de Sébastien Bruzzo, Nicolas Burgess,  Stéphane Cottin, que des as !

Mais évidemment, c’est Brice Hillairet qui nous étonne, nous transporte, nous séduit. On l’avait laissé, en ce même festival, sobre auprès de Catherine Jacob dans Agathe Royale, si fin et délié, précis, « joli » comme disait de lui-même Jean-Louis Trintignant. Aux Gémeaux, en début d’après-midi. Et le soir, métamorphosé, méconnaissable en fait, il se déchaîne, s’éclate et transporte et ses camarades et le public. On ne connaissait pas sa finesse et sa puissance vocale. Son sens de la danse. Il est magnifique. Un très grand artiste, très bien entouré. Bravo !                                                                                                                         

AVIGNON. Le Rouge Gorge, 10 bis place de L’Amirande. A 21h00 jusqu’au 29 juillet. Durée : 1h30.