Julien Gosselin à l’Odéon

Le metteur en scène et chef de troupe a été désigné vendredi 21, comme successeur de Stéphane Braunschweig, au Théâtre National/Théâtre de l’Europe.

De tous les metteurs en scène du cercle de création
théâtrale de France et d’Europe, metteurs en scène autour de la quarantaine,
Julien Gosselin est à la fois le plus radical, mais aussi l’un des plus
reconnus de la profession, tutelles comme critiques et spectateurs. Né dans le
Nord (le 10 avril 1987, à Oye-Plage, Pas-de-Calais) il a été l’un des très
brillants élèves de l’Ecole du Théâtre du Nord, un foyer de formation de grande
qualité, qui célèbre en cette année 2024, ses vingt ans. Le jeune Julien
Gosselin a été un élève de Stuart Seide, venu des Etats-Unis depuis bien des
décennies, associé à l’époque d’Antoine Vitez, metteur en scène audacieux et
pédagogue très fertile.Julien Gosselin n’a jamais dirigé d’institution, au
contraire de l’un des artistes pressentis pour diriger la prestigieuse
institution qu’est le Théâtre National de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Thomas
Jolly, de quelques années son aîné (il est né le 1er février 1982).  Mais Julien Gosselin a le sens de la responsabilité :
dès 2009, il avait fondé le collectif « Si vous pouviez lécher mon
cœur ». Il a le sens du partage et c’est dans cette phalanstère heureuse
que l’on a appris à connaître des garçons et des filles de grand talent, telle
Tiphaine Raffier, telle Noémie Gantier. En sortant de l’Ecole professionnelle
supérieure d’art dramatique de Lille (EPSAD), Guillaume Bachelé, Antoine
Ferron, Alexandre Lecroc, Victoria Quesnel et les déjà nommés ont donc créé « Si vous pouviez lécher mon cœur ».
Un nom étrange, dérangeant qui se dénoue en ce terrible
avertissement : « vous seriez
empoisonné ».
Ces jeunes artistes ont prélevé cette phrase dans Shoah… Julien Gosselin est le metteur en
scène de ses camarades. Ils montent Gênes
01
de l’Italien Fausto Paravidino ou encore Tristesse animal noir de l’Allemande Anja Hilling.Dès 2013, ils sont au festival d’Avignon avec une
jubilatoire et très intelligente adaptation (partielle) des Particules élémentaires
de Michel Houellebecq. Cela les lance ! Suivront d’autres créations-fleuves,
comme 2666 d’après Roberto
Bolano.  Puis Joueurs, Mao II, Les Noms, d’après Don De Lillo, Le Passé de Léonid Andreïev.Depuis, d’autres grands spectacles sont nés. Ainsi, l’année
dernière, au Printemps des Comédiens, une production complexe et fascinante,
reprise à Avignon, Extinction d’après
une double inspiration, Arthur Schnitzler et Thomas Bernhard.Julien Gosselin a été artiste associé au Phénix de
Valenciennes et à la Volksbühne Berlin. Il maîtrise parfaitement les
contraintes économiques des productions et des « maisons » de
théâtre.Nommé officiellement au premier jour de l’été 2024, le 21
juin, il entrera en fonctions comme directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe,
le 15juillet prochain. Dans des conditions difficiles qui ont conduit
Stéphane Braunschweig, en poste depuis 2016, à renoncer à un nouveau mandat. Le
ciseau de l’équilibre des dépenses ne laisse presque pas de marge à la
création. L’Odéon pouvait disposer de 1,5 million d’euros en 2016. Avec les
augmentations des productions et du fonctionnement administratif et technique
des salles, Odéon 6ème et Ateliers Berthier, il reste 500.000 euros
pour la création.



 
























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