Grande personnalité, rayonnante et accueillante, cette femme solaire et très belle, s’est éteinte vendredi. Longtemps, elle aura été, au coeur de la Cité des Papes, celle qui faisait le lien entre les artistes. Elle avait écrit des livres. Son restaurant, « Les Nattes », a joué un rôle éminent dans l’histoire du festival d’Avignon, près de trente ans durant.
Le Sud était sa patrie. Elle avait la beauté des femmes que l’on croise dans les romans du Sud. Une héroïne à la Giono, un visage plein, haut front dégagé, regard clair dont la couleur oscillait selon les lumières, de gris à bleu, à vert. Olga Manguin était une femme d’une exceptionnelle sensibilité, très intelligente, très entreprenante.
Dans les années 80, elle incarnait, par sa présence chaleureuse, son intelligence, sa sensibilité, une référence de la vie du festival. C’est chez elle, dans son restaurant, Les Nattes, entre place du Palais et Rhône, que tout le monde se retrouvait. Attiré par la délicieuse cuisine, d’Afrique du Nord à Provence, aux prix très abordables, et par l’effervescence des conversations, voire des disputes, fraternelles ou plus acides, entre spectateurs et surtout entre artistes.
Tout le monde est passé chez Olga Manguin. Elle était une cuisinière très délicates. Et le matin, les plus audacieux, ceux qui se levaient très tôt, même après les spectacles commencés à 22h et terminés tard dans la nuit -et plus tard encore, après les dîners aux Nattes- on croisait Olga aux Halles d’Avignon…
Après les années aux « Nattes », Olga Manguin ouvrit une table d’hôte sur l’Ile de la Barthelasse, la plus grande île fluviale d’Europe, ne l’oublions pas, un verger enchanteur. C’est là que rayonnait la grande famille des Manguin. Les descendants du grand peintre, Henri Manguin, très grand artiste aujourd’hui reconnu à sa valeur puissante. « Biquet » Manguin, l’époux d’Olga, s’est éteint il y a quelques années. Des vergers, naissaient des eaux de vie très appréciées bien au-delà du Rhône. Prune, poire, figue certainement et autres délices. La Distillerie Manguin.
En 1985, après la longue nuit du Mahabharata, c’est à la ferme Manguin que fut organisé le petit déjeuner des artistes; Le soleil se levait. Insectes et oiseaux saluaient la troupe et Peter Brook et Jean-Claude Carrière étaient sur un nuage…
C’est dans ce lieu qu’Olga Manguin vécut, après la fermeture des « Nattes ». Elle y accueillait quelques pensionnaires qu’elle régalait des ses plats délicats. Des chambres d’hôtes, très disputées…
Elle avait écrit « La Tarte aux petits rien », très beau livre que l’on conseille à chacun de lire, qu’il ait ou non connu Olga Manguin. car il est très bien composé, écrit, et déborde d’une sève vitale…
Bref, tout ceci écrit un peu rapidement, comme un hommage à une femme franchement unique. Et l’on pense à sa fille, sa petite fille, les siens.
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