Avignon off : lumière de Linda Chaïb

Elle a écrit et interprète ce texte très personnel, Mon père, cet arabe. Monologue moiré d’émotions et d’humour, dans une mise en scène de Kheireddine Lardjam.

Sanglée dans un imperméable, petit sac à main, cheveux relevés en chignon chic, elle est à cour. Au milieu du petit plateau d’Artéphile, très bonne adresse, se dresse un mannequin grand qui porte une robe belle et inspirée beaux vêtements d’Afrique du Nord. Parfois, la narratrice se perchera derrière, offrant son visage à la haute silhouette.

Cette narratrice est une jeune femme de notre temps que l’on connaît car elle est une artiste reconnue pour son art, sa sensibilité, sa personnalité forte.

Linda Chaïb est là, si douce et si forte en même temps. Elle possède un très joli timbre, musical et nuancé. Elle nous regarde droit dans les yeux, si l’on peut dire. Elle s’adresse à nous, spectateurs attentifs, Son regard est ferme, sans faiblesse, mais on y devine une pudeur extrême que, parfois, elle doit oublier.

Car elle parle d’elle, de son père. On l’a vue au cinéma, au théâtre,, mais c’est la première fois qu’elle écrit. Parlant de son père, elle parle de sa vie. Elle témoigne. Avec ses soeurs, elles ont été des adolescentes rêvant de sortir le soir, malgré les interdictions paternelles. Au coeur de ce monologue dans lequel elle se livre, précautionneuse, car il s’agit de ne blesser personne, il y a des scènes cocasses que l’on « voit » littéralement.

Elle a beaucoup d’esprit, Linda Chaïb. Une tenue. Une grâce. On pense parfois à Ariane Ascaride. Deux femmes libres, deux femmes de Méditerranée.

Sous son imper, la belle narratrice porte une robe noire qui lui va très bien. Qu’en aurait dit son père ? Un homme sobre, bon, franc, mais avec ses règles, ses raideurs, ses rugosités. Ses erreurs, sans doute. Mais il y a de l’aristocratie en cet homme. C’est ce que révèle Linda Chaïb dans ce texte irrigué de sa vie, de son passé et de ses espérance. Un des très beaux moments du off, cet été.

Théâtre Artéphile, 7 rue du Bourg-Neuf, à 17h05. Durée 1h15. Relâche les dimanches, 13 (aujourd’hui) et 20 juillet.