« A cœur perdu », une célébration de la vie

Bâti sur une brève adaptation du livre impressionnant d’Emmanuelle de Boysson, ce spectacle doit sa force immédiate à la personnalité de l’interprète, Carmen Vadillo.

Sous-titre du spectacle intitulé A cœur perdu, « une histoire vraie ». Cette histoire vraie est celle qu’évoque précisément, mais d’une plume aigue et légère à la fois, la romancière et journaliste Emmanuelle de Boysson.

Il faut lire son livre. Un coup au cœur (Calmann-Lévy, 18 €). C’est un livre fascinant, d’une très forte écriture, un livre qui est noué autour d’un récit. Premières lignes, qui vous diront tout ce que vous voudriez savoir : « Je suis morte le 7 février 2022. Il était 17h20 lorsque mon cœur s’est arrêté. »

Emmanuelle de Boysson est donc une miraculée, une ressuscitée. Son cœur a cessé de battre. Son « compagnon », elle l’appelle Anton, est présent lors de l’attaque cardiaque. Il appelle le SAMU, et dans un mouvement extraordinaire, pratique les gestes de la survie, brisant quelques côtes au passage à la femme en détresse…

Anton, son nom d’intimité, se prénomme Anthony, et ne souhaite en rien parler de ce moment tragique. Il a vécu, lui,  un moment horrible. Même si c’est la vie qui triomphe.

Adapté par Hervé Bentégeat, qui signe la mise en scène, A cœur perdu, est le « seule en scène » d’une comédienne espagnole, qui s’exprime très bien en français, avec un léger accent. Circonscrite à une heure, la matière du livre d’Emmanuelle de Boysson est évidemment réduite drastiquement. Hervé Bentégeat a dégagé tout ce qu’il peut y avoir de morbide, d’atroce, dans ce que livre Emmanuelle de Boysson. S’appuyant sur une interprète exceptionnelle, il nous offre un hymne à la vie. Et même les passages mortifères, ici, sont lumineux.

L’artiste Carmen Vadillo n’est jamais du côté de la mélancolie, de la mort. Elle ne dissimule rien de l’extraordinaire « aventure » d’Emmanuelle de Boysson. Mais sa vitalité balaie tout ce qu’il pourrait y avoir de sombre, de dérangeant dans cet événement.

Une interprète fabuleuse, qui danse, qui bouge, qui est d’une beauté solaire, rayonnante.  Et même drôle, souvent. On ne la connaît pas bien, en France, Carmen Vadillo. Mais ici, elle est vraiment celle qui transmet le drame d’Emmanuelle. Et qui le transfigure.

Et, mais cela est vrai, même si elles n’ont ni le même âge, ni le même physique, elles se ressemblent.

Théâtre Essaion, les lundis et mardis à 21h00. Durée : 1h00. Tél : 01 42 78 46 42. www.essaion.com

Jusqu’au 22 janvier 2025. Durée : 1h00. Le livre d’Emmanuelle de Boysson est publié aux éditions Calmann Lévy (18€).  En vente sur place.