Dans la grande salle de l’Epée de Bois, à la Cartoucherie, une troupe épatante de comédiennes et chanteuses, accompagnées de musiciens, reprend la pièce « Les Belles-Sœurs » de Michel Tremblay, sous le regard aigu et aimant d’Ariane Mnouchkine.
Un dimanche après-midi à la Cartoucherie. Au Soleil, ce jour-là, on est en relâche. Le bâtiment de la Tempête est complètement fermé. Mais, au Théâtre de l’Epée de Bois, chez le très actif Antonio Diaz, il y a foule. Salle pleine pour assister à une représentation en brésilien de la célèbre pièce de l’écrivain québécois Michel Tremblais, Les Belles-Sœurs, en version brésilienne : As Comadres.
Une longue histoire, très bien racontée dans la feuille de salle qui est remise à chaque spectateur. La version est celle de René Richard Cyr qui fit de la pièce de son compatriote, créée en 1968, un livret avec chansons et mit en scène ce « musical » sur les compositions de Daniel Bélanger.
Appelée par ses amies et amis du Brésil pour aider le groupe de femmes que nous applaudissons aujourd’hui, Ariane Mnouchkine s’est souvenue de son sentiment lorsqu’elle avait vu Belles-Sœurs : quelque chose de très triste, mais qui faisait beaucoup rire. Des personnages qui rappelaient les femmes que l’on avait pu connaître, les femmes du début du XXème siècle, des femmes simples, vaillantes, brisées par des travaux âpres, des hommes machos, mais présentes, solidaires -malgré de grands accrocs. Des femmes très proches.
Ariane Mnouchkine a repris les fondements de la mise en scène de René Richard Cyr, et, très modestement parle de « supervision artistique ». Mais elle est là, prenant des notes, attentive et aimante, durant chacune des représentations.
Ariane Mnouchkine adresse aux artisans de la version musicale ce magnifique compliment : « les noces de Molière et de Brecht ».
Un décor qui évoque une cuisine, au-dessus un espace où sont alignées les interprètes, à cour, les musiciennes, les musiciens, et d’autres femmes, le chœur. L’histoire ? Si vous ne la connaissez pas, on vous la laisse découvrir précisément ! Disons simplement que Germana Lauzon a gagné un million de timbres lors d’une loterie commerciale. Elle doit les coller dans des livrets. Elle a donc appelé à la rescousse, voisines, amies, parentes. Sœurs et belles-sœurs ! On va passer plus de temps à parler, à se quereller, qu’à coller les timbres.
Faut-il préciser qu’il y a sur scène quinze interprètes, cinq sur le côté pour le « chœur », et en réserve quelques autres, puisque certains rôles sont tenus en alternance. De toutes générations, sensibles, ardentes, belles, drôles, des artistes qui se donnent complètement aux femmes qu’elles défendent.
C’est drôle, joyeux. C’est déchirant, mais l’on rit. Les interprètes sont chaleureuses, irradiant leur énergie de comédiennes d’aujourd’hui au Brésil, si proches des femmes de référence, les québécoises des années soixante…
Courez à la Cartoucherie ! Vous oublierez le ciel mouillé…
« As Comadres » (Les Belles-Sœurs), Jusqu’au 30 décembre, à 20h30. Réservation : 01 43 74 24 08. Durée : 1h45 sans entracte.
Les représentations ont lieu au Théâtre de l’Épée de Bois qui accueille amicalement le spectacle, car, dans la salle du Théâtre du Soleil se donne « L’Ile d’or ».
D’après la
pièce de Michel Tremblay
Livret, chansons et mise en scène
René Richard Cyr
Musique Daniel
Belanger
Direction musicale Wladimir Pinheiro
Supervision artistique Ariane Mnouchkine
Avec le soutien du TNP et du TnBA Bordeaux
La première version musicale de « Belles Sœurs » fut créée à Montréal en mars 2010 par le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et par le Centre Culturel de Joliette avec Loto-Québec