Avignon, du côté du off

Un spectacle, parmi des centaines, pour saluer la belle ouvrage et les échos d’hier à aujourd’hui.

C’est l’une des très belles salles d’Avignon. Elle a d’ailleurs, il y a des années et des années, été l’un des lieux du festival « in ». Depuis quelque temps, le « off » y règne. C’est là que le merveilleux Emmanuel Noblet a triomphé avec son adaptation de Réparer les vivants, par exemple.

Cette salle est celle de la Condition des soies, qui rappelle, comment la vallée du Rhône, fut un espace de culture des mûriers, d’élevage de vers à soie et de travail.

Cet été, on peut y retrouver un comédien que l’on connaît bien et qui fut l’un des plus formidables Rodrigue qui soient. Ce Cid avait été mis en scène par le très regretté Allain Ollivier, dans le cadre des Nuits de Fourvière. On découvrait Thibaut Corrion qui avait déjà un beau parcours. Il reçut cette année-là le prix de la révélation théâtrale, de la part du Syndicat de la critique.

Photographie de Xavier Cantat. DR

Depuis, il a énormément travaillé et joué de grands rôles du répertoire classique, principalement. Tchekhov, Calderon de la Barca, Rostand, Shakespeare, Brecht, Lautréamont. Dans le désordre.

Cette été, à 13h35, il est, seul en scène dans la belle salle historique de La Condition des soies, le narrateur du Journal de l’année de la peste de Daniel Defoe. Une adaptation d’un homme de théâtre complet, Cyril Le Grix. Il signe la traduction, l’adaptation, la mise en scène. Il s’appuie sur une très belle équipe artistique : costumes de Claudine Ploquin, lumières de Thomas Jacquemart, avec la collaboration d’Emilie Delbée.

Evidemment, on peut penser que traduction et adaptation ont été pensées à la lumière de la pandémie du Covid. Mais pas vraiment : de toutes manières, le texte de Defoe est bruissant d’échos à la situation d’aujourd’hui, alors que le Variant D, rôde…Et c’est plutôt nous, auditeur, spectateur, qui projetons nos sentiments du jour

Dans de belles lumières…Photographie de Xavier Cantat. DR.

Aujourd’hui jeune quadragénaire, Thibaut Corrion n’a rien perdu de ses qualités : une présence forte, une sensibilité profonde, un art du « dire » devenu rare de nos jours ; rien d’emphatique ; rien de surligné. Mais la belle présence d’un artiste à une grande œuvre. A voir !

 Condition des soies, 13, rue de la Croix, 84000 Avignon. A 13h35, jusqu’au 31 juillet. Relâche aujourd’hui, 12 et les 19 et 26 juillet. Durée : 1h10.

Tél : 01 90 22 48 43

www.conditiondessoies.com