Les comédiens de l’Atelier Catalyse jouent, sous la direction de Madeleine Louarn et Jean-François Auguste, une adaptation de Swift à laquelle ils ont participé de toute leur imagination.
Si le titre du spectacle présenté salle Benoît-XII est Gulliver, le dernier voyage, il faut l’entendre comme un voyage de plus, un voyage qui emprunte aux quatre voyages imaginés par Jonathan Swift et se déploie dans plusieurs directions très personnelles. L’œuvre de l’écrivain anglo-irlandais date des années 1720, mais sa férocité résonne clairement dans notre monde.
Après Ludwig, un roi sur la lune et Le Grand Théâtre d’Oklahama, présenté à Vedène, il y a deux ans, dans une scénographie originale et puissante d’Hélène Delprat, on découvre ce très drôle et incisif Gulliver, selon les artistes de l’Atelier Catalyse qui ont participé à l’écriture de l’adaptation.
Comme ceux de L’Oiseau Mouche dont on a applaudi Bouger les lignes, texte de Nicolas Doutey, au début du festival d’Avignon, les comédiens de Catalyse sont en situation de handicap. Mais ils travaillent, ils jouent des personnages, ils sont des interprètes. A Morlaix, avec Madeleine Louarn et Jean-François Auguste, ils sont sur le pont toute l’année, quand ils ne sont pas en tournée.
N’attendez pas la rencontre du Docteur Gulliver avec les Lilliputiens. C’est le premier voyage ! Mais aussi l’épisode le plus connu. Non, si tout commence dans le noir, par un naufrage –vrai début du premier livre- on va plutôt se retrouver du côté angoissant des immortels vieillards…Mais rassurez-vous, il y a surtout des scènes très drôles, avec un peu de scatologie (Swift en usait), quelque chose de débridé et aigu à la fois qu’accompagne à merveille la scénographie et toutes les inventons de l’artiste peintre, plasticienne, Hélène Delprat.
Ce sont les mêmes comédiens que l’on avait applaudis dans Kafka, il y a deux ans : Tristan Cantin, Guillaume Drouadaine, Manon Carpentier, Emilio Le Tareau, Christelle Podeur, Jean-Claude Pouliquen, Sylvain Robic, groupe renforcé de Pierre Chevallier qui n’appartient pas à Catalyse.
Gulliver apparaît lorsque la tempête se calme : c’est une jeune femme en combinaison style aviateur, d’un très beau rouge. Les costumes sont signés Clémence Delille. La musique d’Alain Mahé est essentielle, qui ajoute à l’humour, à la joie que l’on éprouve à partager cette aventure.
Comme tous les artistes, ceux de Catalyse ont parfois le trac et un souffleur les soutient parfois. Si le Gulliver est impeccable, avec une diction souple et des intonations moirées, ses camarades ont des articulations moins sûres. Mais qu’importe ! Le projet est audacieux et la représentation réussie.
Salle Benoît-XII, jusqu’au 24 juillet à 18h00. Durée : 1h20.