Avignon vaut bien une espérance

Se disant inquiet, et soucieux de préciser que bien entendu il suivrait les décisions des autorités sanitaires, Olivier Py, directeur du festival a présenté la 74ème édition qui, si elle se tient, ira du 3 au 23 juillet.

Où serons-nous le 3 juillet ? Où en serons-nous ? Nul ne le sait vraiment. La conférence de presse classique du Festival d’Avignon, un jour chez les Papes, le lendemain à Paris, aurait dû avoir lieu les 25 et 26 mars derniers. Mais évidemment, confinement oblige, ces deux rendez-vous n’ont pas pu être honorés. La direction du festival a opté pour une version vidéo en direct, avec prise de parole d’Olivier Py, diffusion de brèves interventions de certains des artistes à l’affiche de la 74ème édition, et jeu des questions avec Laurent Goumarre de France Inter, Michel Flandrin, de Radio France Vaucluse, l’un des meilleurs connaisseurs de l’histoire du festival. Le public avait été invité à poser des questions, relayées par les deux journalistes.

Olivier Py, Paul Rondin, directeur délégué, avaient à plusieurs reprises eu l’occasion de dire et redire qu’ils feraient tout pour que le festival, si cela était possible, soit prêt à appareiller avec le public le 3 juillet.

Avignon, les toits, le palais, Notre-Dame des Doms…et ce grand ciel. Photo : DR

Cela supposait que le montage des gradins et de la scène de la cour d’Honneur puisse commencer le 4 mai : deux mois sont nécessaires, car les éléments imposants ne peuvent passer que par une porte assez modeste de dimensions, joyau du patrimoine médiéval, monument historique classé, et, de toutes manières, la sécurisation des gradins exige du temps…

Mais après tout, il y a la Fabrica conçue dans les dimensions mêmes du lieu le plus mythique de la manifestation et l’on pourrait évidemment envisager quelques changements de lieux, de dates, d’organisation.

Olivier Py l’a répété clairement tout à l’heure : son devoir de directeur d’une manifestation de service public, est de tout faire pour qu’elle puisse avoir lieu. Mais il a liminairement insisté sur le fait qu’il se soumettra aux directives des autorités sanitaires.

Il a donc présenté le festival, tel qu’on peut l’imaginer le 8 avril, à cette réserve près que tous les artistes qui ont pris la parole ne savent en rien s’ils pourront ou non répéter. Car le confinement, les théâtres fermés, les artistes empêchés de travailler ensemble, cela ne concerne pas la seule France, mais toute la planète.

L’arrière du palais par-delà les toits. Photo DR/

Et cette année encore, de nombreuses productions viennent de loin. Le thème de l’été 2020, tel qu’il avait été décidé à la fin du festival 2019, est « Eros et Thanatos ».

Inutile de souligner tous les échos que l’on peut entendre dans la sinistre actualité du Covid 19. Nous ne ferons pas ici l’analyse de la programmation, très riche. Les différentes pastilles vidéo n’explicitant que vaguement les projets de chacun et tout demeurant en ligne sur le site du festival.

Hier, Jean Varela, directeur du Printemps des comédiens, annonçait l’annulation de la manifestation qui commençait fin mai, pour tout un mois, très riche. Mais évidemment, on peut penser que fin mai, la situation interdira tout rassemblement. Et sans doute toute tentation de divertissement. Avec beaucoup de profondeur, de tact, Jean Varela a souligné qu’on serait alors plutôt dans un moment de gravité, de silence, de recueillement. Il pense à ces familles qu’il nomme « les familles Antigone », toutes celles qui n’ont pu dire adieu aux disparus. Ce temps viendra, effectivement.

Voir et revoir la conférence de presse : https://festival-avignon.com/