Chimène en musique

Vu dans un collège du XXème arrondissement, un « semi-opéra », d’après Pierre Corneille et Antonio Sacchini, propose aux élèves un moment rare, grâce à l’ARCAL, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical.

Il y a bien des années, que, grâce à cette compagnie très originale de « théâtre lyrique et musical », l’Arcal, créée par Christian Gangneron en 1983, nous découvrons des ouvrages rares, donnés dans des formes légères et qui sont présentés dans des espaces très divers : maisons d’opéra, scènes non spécialisées, établissements d’enseignement.

C’est l’Arcal, aujourd’hui dirigée par Catherine Kollen, qui a redécouvert la tragédie lyrique qu’est Chimène, d’Antonio Sacchini, compositeur appelé en France par Marie-Antoinette. En 1783, il met en musique Le Cid. Mais c’est aux tourments de la chère amoureuse de Rodrigue qu’il s’intéresse d’abord. D’où le titre.

En 2017 l’ouvrage fut exploité en tournée. Aujourd’hui c’est une version « semi-opéra » d’une heure qui est proposée aux élèves. Sandrine Anglade signe l’adaptation et la mise en scène de ce très délicat moment.

Nous avons eu la chance de le découvrir au Collège Lucie-Faure, rue des Pyrénées, dans le XXème arrondissement de Paris. Le spectacle était adressé à des élèves de 4ème. Ils étudient Le Cid cette année scolaire là. Ceux avec qui nous étions, ne l’étudierons avec leur professeur de français qu’en janvier 2023. Mais, évidemment, ce public de filles et de garçons adolescents, a été préparé. La proviseure, Madame Petit a tout fait pour que cette représentation ait lieu et le professeur de musique, Samuel Darnal a organisé des ateliers pour éclairer les futurs spectateurs.

La production est de grande qualité. C’est l’excellence qui domine : tout est très travaillé, des costumes aux déplacements et les artistes réunis par Sandrine Anglade sont remarquables.

Sous la direction de Julien Chauvin, un quatuor à cordes issu de Concert de La Loge avec Yannis Roger et Guya Martinini aux violons, Dahlia Adamopoulos à l’alto, Jean-Baptiste Valfré au violoncelle. Evidemment, les instruments ne sonnent pas dans cet espace comme dans une salle dédiée à la musique. Mais on entendait très bien, on pouvait vraiment profiter de la beauté de la composition de Sacchini.

Deux comédiens pour Don Fernand, le Roi de Castille, Clément Barthelet et pour Don Diègue, le père de Rodrigue, François Clavier. Ils ont la noblesse d’allure et la sensibilité tragique qui conviennent.

A leurs côtés, un ténor de grand talent, Corentin Backès est un Rodrigue plein de fougue et de fierté, à la très belle voix, claire et nuancée.

Pour incarner Chimène, une ravissante soprano, l’air d’une adolescente, mais avec déjà une très belle carrière, Déborah Salazar. Elle est franco-mexicaine, ardente et très émouvante.

Une manière audacieuse de sensibiliser la jeunesse aux belles créations de l’esprit et de l’art, une remarquable proposition d’Arcal avec différents soutiens, tel le centre de musique baroque de Versailles, le centre des Bords de Marne au Perreux, et la compagnie de la metteuse en scène, plus la Spedidam.

Un travail exemplaire par son exigence et la qualité de son « rendu », séduisant, accessible. Ils ont bien de la chance, ces spectateurs des collèges, lycées et autres lieux….

Représentations : après le 6 décembre au Collège Lucie-Faure, a eu lieu mardi 13 décembre une autre représentation au Lycée Maurice-Ravel, Paris 20e.

Prochaines dates : Jeudi 2 et vendredi 3 février. Salle André-Malraux à Sarcelles : 14h30 ; 14h30 et 20h le 3/02. Mardi 14 février, Collège Grange-aux-Belles, Paris 10e; Lundi 21 et mardi 22 mars, Ecole Alsacienne, Paris 6e. Jeudi 30 mars, Lycée Jacques Decour, Paris 9e.