Edouard Baer, maître recruteur

Pour Le Journal de Paris, spectacle qu’il présente dans le décor de 1983, à la Porte Saint-Martin, il a retenu, après audition, des amateurs plus ou moins doués. Quelques professionnels émaillent les représentations.

Puisque la distribution n’est jamais la même, il est évidemment difficile d’avoir un point de vue équilibré sur ce spectacle intitulé Le Journal de Paris. Avouons que l’on n’a pas eu de révélations de talents inconnus, lundi soir, au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Mêlé aux acteurs et chanteurs et danseurs d’un soir, Michel Dussarat impose ses dons, en quelques apparitions, saluant à la fin dans un costume de clown qui est une pièce de musée…Il est chez lui dans ce décor de 1983, la pièce composée et mise en scène par Jean Robert-Charrier pour Chantal Ladesou. En effet il a signé les extravagants costumes et il y joue également, en alternance avec Michel Ansault.

Edouard Baer est très populaire. Il a pu tenir plusieurs saisons durant, à partir de 2019, au Théâtre Antoine, avec Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce, spectacle qui lui permettait de dire les textes de ses auteurs de prédilection, au cœur d’une fantaisie sympathique. Un thème, le théâtre même, qu’il célébrait avec la complicité de sa prof du Cours Florent, Isabelle Nanty et sous le regard attentif de Stéphanie Bataille.

Edouard Baer a aimé travailler en troupe. Avant de s’aventurer seul en scène, à l’Atelier, avec Un pedigree de Patrick Modiano, il a en effet entraîné à sa suite une bande mouvante et sympathique, une fois avec François Rollin, d’autres fois tout seul, au centre d’une bande déjantée. On observait déjà un penchant pour la nonchalance, sinon la désinvolture.

Affiche du spectacle. DR.

On le comprend, c’est un gentil. Il n’aime pas être sévère. On voit donc défiler dans le décor assez kitsch de 1983, des hommes, des femmes, des garçons, des filles, plus ou moins doués. Tout s’ouvre et se ferme par une chorale amicale. Mais, il faut l’avouer, les numéros sont plus ou moins réussis, les vedettes d’un soir plus ou moins talentueuses. Il y en a pas mal qui chantent faux. Il y en a pas mal qui s’exhibent sans pudeur aucune. Mais qu’il ou elle avoue : « C’est le plus beau jour de ma vie » et l’on serait un esprit rigide si l’on n’était pas touché…Edouard Baer aurait pu être plus exigeant dans le recrutement. Il y a de cruelles faiblesses dans cette cascade de personnalités et dans les sketches assez laborieux. Rien de bien grave, un soupçon de démagogie. Les premiers intéressés, ceux du plateau, dans l’un des plus grands et beaux théâtres de Paris, là-même où fut créé Cyrano de Bergerac, sont heureux et leurs familles et amis, dans la salle, ravis. Que demande-t-on ?

Théâtre de la Porte Saint-Martin, samedi à 22h45, dimanche et lundi à 20h00. Durée : 1h30/40.

Location : 01 42 08 00 32.

www.portestmartin.com

Jusqu’au 19 décembre 2022.