Une compagnie flamande de Gand initie le public aux secrets de la finance. Cela s’intitule « Lies » (Mensonges) et l’on peut jouer gros…
C’est la première fois que la compagnie « Ontroerend Goed » (que nos amis Flamands disent pouvoir traduire par « émobilier »), est invitée à Avignon.
Elle frappe fort avec un « spectacle », dont le titre peut se lire « Lies », mensonges ou « Eyes » les yeux, mais qui est une suite de signes monétaires : livre, yen, euro, dollar.
Il n’est question que d’argent dans ce moment de plus de deux heures, qui laisse peu de répit aux protagonistes (les spectateurs), sous la férule sèche de croupiers, hommes et femmes et de manipulateurs expérimentés des cours de la bourse et autres performances bancaires. Tous des comédiens, bien sûrs.
Rompus aux manipulations des tables de jeu autour desquelles est réparti le public, au hasard : sept spectateurs et spectatrices et un meneur de jeu autoritaire à souhait.
Disons-le d’entrée : il n’y a pas que les banques qui égarent. Lorsque les artistes de Ontroerend Goed prétendent nous initier aux lois du marché et aux mécanismes de la finance, ils exagèrent fortement. Ils font de l’inflation sémantique.
Car on n’apprend rien que l’on ne sache, même en étant un béotien ou une béotienne de première ! Et tout se joue sur des coups de dés. Donc c’est le hasard qui règne ici.
Comme aux bons vieux « Petits chevaux » finalement ! Ce qui est drôle est évidemment l’observation de ses contemporains. Au départ, on vous demande de vider vos poches pour mettre dans des enveloppes noires les mises. Chacun sort quelques billets. Certain de les récupérer à la fin de la séance.
Il arrive que des malheureux n’aient pas un sou sur eux…Ou si peu. Quelques pièces jaunes extirpées avec difficulté et une grimace de souffrance… Une femme mûre d’allure très bourgeoise, style maison et piscine dans le Luberon, et à qui l’on doit prêter de l’argent car la mise minimale est de cinq euros et qu’elle ne les a pas…Les politiques et les riches n’ont jamais un centime sur eux, c’est connu. Cela se confirme.
C’est bien sûr cette personne qui va s’agripper à toutes les formules proposées pour gagner encore plus et vite ! Et réussir.
Disons-le, la séance est sympathique et les spectateurs-joueurs sont de bonne humeur. Mais au bout d’une demi-heure, on a compris et les deux heures officiellement annoncées s’étirent jusqu’à deux heures quinze. Longuet.
Et puis les comédiens ont des consignes strictes. Même à la fin, après les applaudissements, ils refusent de s’exprimer…On aimerait pourtant savoir comment ils ont été recrutés, et comment ils parviennent à maîtriser toutes les opérations à toute allure, comme des croupiers de haut lignage !
Disons qu’il y a là un déficit d’humour…Mais l’argent crispe…
Tinel de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, dans le cadre du Festival. Jusqu’au 14 juillet, à 18h00 et 21h00.
Crédit photo Christophe Raynaud De Lage.