Femmes en première ligne

Au Dejazet, avec « Le Secret des conteuses », Martine Amsili nous introduit dans le salon de Ninon de Lenclos en 1671, tandis qu’au Treize Jardin, est reprise la belle histoire de Brian Friel, « Danser à Lughnasa ».

Dans le salon de Ninon de Lenclos, au Dejazet, un spectacle très soigne. Photo DR.

Rien ne lie en réalité profondément les deux pièces que nous rapprochons, mais elles offrent de beaux rôles à des comédiennes, et c’est une rareté, il faut bien le dire.

Le Secret des conteuses est une œuvre étrange, qui tient un peu du pastiche. L’auteur, qui est également, ici, le metteur en scène, imagine quelques unes des plus grands esprits de leur temps, des femmes remarquables, invitées par Ninon de Lenclos, la ravissante Anne Jacquemin.

Elle a convoqué Mademoiselle de Scudéry, Annie Sinigalia, autre interprète aussi jolie au sensible, Madame de Sévigné, que joue Niseema, et enfin Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, éducatrice des enfants du Roi et de Madame de Montespan et bientôt Madame de Maintenon. C’est Julie Judd qui l’incarne. Enfin, ajoutons la très vive Léa Betremieux dans la partition d’une chambrière fine mouche.

Un beau décor, des costumes élégants, la production est très soignée et plaisante. On écoute ces femmes qui chacune à son tour doit dévoiler une histoire d’amour unique. N’en disons pas plus…On devine assez vite le dénouement.

L’auteur a travaillé et connaît son monde. On est en 1671. Elle a étudié la littérature de l’époque et ses grands personnages. On évoque La Fontaine et autres grands hommes.

Elle a trouvé une manière assez juste d’imaginer la conversation de ces belles, mais on ne comprend pas qu’elle leur demande une application à articuler et notamment à prononcer de nombreux « e » muets ce qui paralyse un peu le naturel et du coup l’émotion.

Reste que les comédiennes sont des artistes que l’on connaît pour la plupart très bien –même la plus jeune !- Elle ont beaucoup de talent. On est heureuse de les retrouver et la comédie se laisse voir. Elle est décalée dans une saison morose. Elle est rieuse et chaleureuse. Et dans la si belle salle du Théâtre Dejazet de Jean Bouquin et Lupe, elle s’inscrit à merveille.

Autre ton, autre atmosphère avec Danser à Lughnasa de l’Irlandais Brian Friel, pièce très connue et relativement souvent reprise. Ici dans la traduction d’Alain Delahaye.

Il n’y a pas que des femmes, ici, mais elles ont la part belle et c’est une jeune metteuse en scène, Gaëlle Bourgeois qui dirige Emilie Chesnais et Caroline Stefanucci en alternance, Pauline Gardel, Céline Perra, Jennifer Rihouey, Mathilde Roehrich et Pauline Cassan en alternance. Il y a des personnages d’hommes. L’un d’eux est le narrateur et se souvient des femmes de sa famille.

Vincent Marguet est ce personnage et il est particulièrement juste et fin. Saluons également Bruno Forget, très bien lui aussi. Nous avons vu ce spectacle après plus de deux semaines de représentations et, sans doute, quelque chose s’est-il un peu décalé. Sans appui de scénographie heureuse, un cercle et des éléments, des objets un peu inutiles qui donnent une idée d’abandon, les comédiennes ont du mal à défendre fermement leurs partitions.  Nous avons sans doute assisté à une représentation un peu relâchée, devant une salle un peu clairsemée, ce qui induit une sorte de fatigue des interprètes. On voit bien ce que pourrait être ce spectacle avec un peu plus d’énergie. C’est dommage. La pièce est belle et touchante, mais ici, elle paraît un peu défraîchie.

Dejazet, du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 16h00. Durée : 1h30. Jusqu’au 12 octobre. Tél : 01 48 87 52 55.

Théâtre 13 Jardin, du mardi au samedi à 20h00, dimanche à 16h00. Durée : 1h50. Jusqu’au 13 octobre. Tél : 01 45 88 62 22.

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