Dirigée par Régis de Martrin-Donos dans un texte qu’il a écrit pour elle, « Des femmes », cette interprète frappe par une présence forte, profonde. Une révélation.
Rien. Presque rien. Quelques rares accessoires, une robe noire –avec transformation- et les lumières de Jennifer Montesantos. Un masque étrange, pourtant, et des images fortes que l’on met parfois quelques instants à déchiffrer. Il faut que le regard accommode…
Au Lavoir Moderne Parisien, dans la proximité avec l’interprète, on découvre une jeune artiste qui fait vivre devant nous des femmes très différentes. Elles viennent d’époques très anciennes, de contrées très lointaines. Ou bien elles sont nos contemporaines, elles sont très proches.
Des femmes a été écrit spécialement pour Fernanda Barth par Régis de Martrin-Donos qui la met en scène. Il énumère lui-même les figures de cette traversée du temps : « une bergère du Moyen Âge accusée de sorcellerie, une chanteuse dans sa loge de cabaret, une journaliste féministe, une femme préhistorique, une prostituée, une mère révoltées, une adolescente rebelle qui s’identifie à Dalida ».
Insolite parcours pour lequel l’auteur s’appuie sur des témoignages divers : de Paul Claudel à Dalida, en passant par Simone de Beauvoir ou Barbara –mais les fragments ne sont que rarement repérables. D’autant que c’est en auteur aussi que Régis de Martrin-Donos a développé la partition…
On ne connaissait pas Fernanda Barth avant de la découvrir, il y a un an, dans ce même lieu et de la revoir il y a quelques semaines, en une représentation de rappel avant la nouvelle séquence.
C’est une jeune femme mince, longue, souple aux allures de danseuse. Une longue jeune femme aux cheveux noirs, au visage très expressif, au regard très intense et à la voix harmonieuse. Elle s’en joue, ce cette voix. Un beau timbre, un spectre large, et une manière très nuancée de passer d’un registre à l’autre.
La tonalité générale est grave. On est du côté des femmes en lutte, des femmes qui n’acceptent pas. Mais il y a aussi des éclairs de joie, d’humour, d’esprit. Cette traversée n’est en rien sinistre. Et elle n’est pas non plus du côté de la performance : la manière de jouer de Fernanda Barth est subtile. Elle défend ces « personnages », mais elle n’est jamais dans la démonstration.
Originaire du Brésil et du Liban, elle a suivi une formation de danseuse, en danse classique et contemporaine et après ses classes au conservatoire du XIIIème arrondissement, elle a été admise au « grand » conservatoire national supérieur d’art dramatique tout en étudiant à la Sorbonne où elle a obtenu une licence puis un master. Une sacrée personnalité ! Ne soyez pas les derniers à l’applaudir.
Lavoir Moderne Parisien, du mercredi au samedi à 21h00 et le dimanche à 15h00. Durée : 1h05. Du 23 octobre au 10 novembre. Tél : 01 46 06 08 05.