Stereoptik explore l’univers

Le nouveau spectacle de Romain Bermond, qui dessine en direct et de Jean-Baptiste Maillet, qui joue sa musique « live », s’intitule « Stellaire » et nous parle de la naissance et de l’expansion de l’univers.

Ils ont fait une rencontre. Un jour qu’ils présentaient leur spectacle à Groningen, ils ont été approchés par deux astrophysiciens de l’université de cette ville du nord des Pays-Bas. Deux savants, chercheurs et enseignants indiens travaillant dans cette capitale du savoir. Ils ont été frappé par la manière merveilleuse qu’ont mise au point Romaiin Bermond  et Jean-Baptiste Maillet et leur ont dit que leur méthode serait formidable pour expliquer le cosmos…

La méthode ? Du dessin en direct, projeté sur un écran. De la musique et des bruitages en direct. Des objets qui s’incrustent et mille et une inventions pour donner une fluidité à ces « films ».

Romain Bermond vient des arts plastiques. Il a dessiné dès l’enfance, s’est formé très tôt et a poursuivi par des études supérieures. Sur son chemin, l’Argentin Horacio Garcia Rossi, peintre cinétique. Parallèlement à ses expositions, Romain Bermond travaille dans le monde du théâtre en tant que scénographe. Mais le plasticien est également musicien, et c’est ainsi qu’il va rencontrer Jean-Baptiste Maillet.

Fusion et expansion du cosmos et des coeurs…DR

Lui a très tôt été dans le monde de la musique. Dès l’enfance puis à l’American School of Modern Music de Paris ; après l’écriture classique, le piano, les percussions, et va glisser vers le jazz, et, multipliant les expériences il plonge dans la chanson, la fanfare, le funk, l’électro. Bref aucun champ de la musique ne lui est étranger.

Les deux artistes se rencontrent au sein d’un « brass band » (cuivres et percussions) et inventent leur art et leur premier spectacle : Stereoptik. C’était il y a onze ans. Leur compagnie va prendre ce nom. Depuis, ils ont notamment créé Dark Circus (en 2015). Ils sont connus à travers le monde entier, mais ils sont ancrés au Théâtre de la Ville où Emmanuel Demarcy-Mota les a invités à être des « artistes associés ».

En 2016, ils ont présenté Congés pays et Stereoptik ainsi qu’une exposition passionnante dévoilant leurs talents, leur imagination. Dark Circus, magistral conte en noir et blanc, d’un graphisme fascinant, très bien accompagné musicalement, a élargi le cercle de leurs admirateurs. Grands et petits.

Car c’est cela aussi qui fait leur force : enfants et adultes sont subjugués.

A l’Espace Cardin comme au Monfort, on a revu leurs spectacles sans jamais se lasser. En 2018, ils ont recréé Stereoptik, marquant les dix ans de leur compagnie.

Aujourd’hui, on découvre donc Stellaire. Ils avaient travaillé sur un autre projet –et d’ailleurs on le verra un jour- mais, convaincus par Pratika Dayal et Anupam Mazumdar, ils se sont lancés, avec leurs conseils évidemment, dans cette odyssée dans le cosmos.

Ils ont voulu, en même temps, nous raconter une histoire d’amour. En fait, avouons-le, on est saisi par la naissance de l’univers et l’on ne comprend pas toujours clairement ce qu’ajoutent les aventures des deux personnages qui évoluent dans des paysages changeants. Stellaire est sous-titré « Une histoire d’amour sur l’expansion de l’univers ». Les deux fils sont lisibles, mais l’inscription des petits humains dans le grand cosmos n’est pas évidente.

Demeure la beauté, le charme, la magie. De nouvelles techniques de représentation ont été mises au point. Des personnages ont été filmés (Randiane Naly et Clément Métayer). Une narratrice nous raconte : c’est Saadia Bentaieb, une des comédiennes de la compagnie Louis Brouillard de Joël Pommerat, mais elle tourne aussi et s’aventure sur des chemins extérieurs. Ainsi aujourd’hui !  Sa voix douce nous guide.

Il y a aussi, embarqué dans la naissance de Stellaire, Frédéric Maurin (« regard extérieur ») et, très importante évidemment, la régie générale, assurée par Arnaud Viala et Frank Jamond.

Si on lit les documents (dossier de presse ou feuille de salle) on comprend mieux l’intrigue : elle est astrophysicienne, elle parcourt la planète de conférence en conférence ; il est dessinateur, avec sa feuille blanche et son poste de radio. Ils se rencontrent dans un parc.

Et boum, si l’on ose dire : « leurs univers se percutent et fusionnent. Qu’arrive-t-il alors de condensation, d’expansion, de déplacement ? » écrit Marion Canelas dans le feuillet remis aux spectateurs…

On comprend le parallèle, mais la naissance de l’univers fascine sans doute plus puissamment…Pourtant tout commence par de petites gouttes de peinture qui tombent sur une feuille….Et qui, sur l’écran, sont des étoiles…

On a assisté à la création de Stellaire, comme on assistait à la naissance d’un nouveau monde. A l’Espace Cardin, avec des horaires adaptés au jeune public (et aux vacances de la Toussaint), comme en tournée jusqu’au printemps, Stellaire est une invitation à la réflexion, au savoir, au dépaysement, avec cet art unique –beaucoup imité depuis- de nos virtuoses, Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet.

Une des images de ce voyage au coeur du cosmos….31

Théâtre de la Ville à l’Espace Cardin, jusqu’au 9 novembre. Durée : 1h00. Tél : 01 42 74 22 77.

theatredelaville-paris.com

Puis en tournée jusqu’en mai, au moins. Genève, Tours, Aubusson, Cherbourg, Bourges, Gradignan, Boulazac, Angers, Douai, Marseille, Evry, Tarbes.