François de Brauer, que sa lumière soit

Pas facile avec l’époustouflante « Loi des prodiges » de revenir seul en scène. Le secret de « Rencontre avec une illuminée » doit être cherché du côté de la sincérité et de l’amitié. Et vous rirez comme jamais.

Illuminé, on l’est immédiatement, en découvrant le dispositif scénique imaginé pour ce nouveau solo de François de Brauer. Des dizaines et des dizaines de bougies (fausses) dans des verres, à la manière des bougies parfumées. Elles forment un peu plus qu’un demi-cercle, au fond, sur les côtés. Une chaise. C’est tout. On se croirait dans une mystérieuse crypte, avec ces flammes qui tremblotent.

Le grand garçon descend par l’escalier. Il a des bâtons d’encens à la main. On est dans la mystique, c’est clair.

Il danse, aussi, ce conteur illuminé. Photographie de Christophe Raynaud de Lage. DR.

Entre La Loi des prodiges et cette Rencontre avec une illuminée, François de Brauer a écrit un autre texte, que l’on verra plus tard. L’artiste est loin d’être un homme de solos. C’est un enfant de troupe, qui a beaucoup joué, qui joue beaucoup et se met sous l’autorité de personnalités très différentes. Il est toujours convaincant.

Mais dans la liberté de ces solos où il fait surgir des dizaines de personnages, jeunes, vieux, hommes, femmes, se bousculent, il est extraordinaire.

Irrésistible. Jean-Luc Gaget, scénariste de talent, a écrit avec lui. Louis Arène le dirige. Veille sur lui. François Menou a créé les lumières qui ne sont pas seulement cette belle ceinture de bougies.

François de Brauer explique, dans le dossier de presse –et plus rapidement dans le flyer remis aux spectateurs- que cette « illuminée » existe. Estelle est devenue Stella. Mais elle ne surgit que dans la deuxième partie du spectacle. Au début, on plonge du côté de sa famille. Son grand-père maternel est mort. Une de ses tantes lui demande de lire un texte. Mais François regimbe. Il est « non-croyant ». Panique de maman, tempête dans le crâne de sa tante. Et voilà que le grand-père mort, qui avait refusé de voir sa fille depuis des années et qui ne connaissait pas son petit-fils, se lève et parle !

Solitude du clown spirituel, sur sa piste. Photographie de Christophe Raynaud de Lage. DR.

N’en disons pas plus. Voici que le jeune homme rappelle à sa mère comment et pourquoi il s’est fait viré, tout jeunot, de chez les scouts.

Et là, scène d’anthologie. On a rarement fait, tout seul, si drôle, si délirant et si vrai à la fois.

On a déjà écrit il y a longtemps, que François de Brauer est un artiste exceptionnel. Un voltigeur. Un homme qui a des ailes, léger et délié, pas loin d’être maigre. Une silhouette d’adolescent trop vite grandi.

La voix est bonne, même s’il doit se méfier de l’espace, dans lequel il se déplace beaucoup, et qui fait que, quand il tourne le dos, il faut tendre l’oreille.

Et puis voici Stella et ses amis. Ses grandes soirées de variété mystique. Désopilant. Les expériences. La rencontre avec l’illuminée et les rencontres avec les amis de la belle, une collection de délirants qui savent décrypter les pouvoirs des cailloux, des pierres, des fèves de chocolat.

Dans cette partie-là, François de Brauer fait également surgir des personnages hauts en couleurs, qu’il irrigue de tout son talent. Fascinant et irrésistible. A commencer par la merveilleuse Stella, Estelle dans la vie, Estelle Meyer, une très attachante artiste, elle aussi. Une étoile de la chanson et du jeu. Une gitane d’or et d’amour.

Théâtre du Petit-Saint-Martin, du mardi au samedi, en alternance, à 19h00 ou 21h00. Durée : 1h20. Tél : 01 42 08 00 32.