Garance Rivoal, les voix de l’hospitalité

Dans « Les Nécessaires » la jeune auteure et metteuse en scène évoque une travailleuse sociale face à des mineurs étrangers. Une histoire de notre temps portée par Alice May et des interlocuteurs « off ».

C’est un de ces spectacles légers et graves que l’on aime découvrir. Et souvent au Belleville. Grave par son propos, léger mais sophistiqué dans sa forme, est ce spectacle intitulé Les Nécessaires. Garance Rivoal s’est longuement documentée, a même travaillé quelques semaines durant, en juillet 2018 –ce qui suppose une maturation certaine du projet- à Nanterre, au Centre d’Accueil et d’Evaluation des Situations. Plus tard, elle a assisté à des audiences de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Elle a lu, vu, écouté et s’appuie notamment sur le travail des journalistes Arnaud Aubry et Karine Le Loët.

Le dispositif scénique est simple : une comédienne, Alice May, qui a collaboré au montage, vingt-quatre scènes en enchaînements rapides –une table qui est déplacée à chaque fois faisant office d’élément principal- et douze voix qui sont, à chaque fois, l’interlocuteur, l’interlocutrice de la femme qui les reçoit.

Pour artificiel que soit ce jeu des voix off, l’ensemble est bien réglé et comme la comédienne est équipée d’un micro, on se prend immédiatement à croire aux dialogues…Tout juste si l’on ne croit pas distinguer des silhouettes sur le plateau : lumière de Jean-Pierre Michel, son, mixage, régie Charlie Sénécaut.

Autant de scènes, autant de destins. Il y a évidemment une volonté démonstrative dans ce travail et un penchant à estimer que l’administration est âpre et peu amène. Garance Rivoal l’écrit : « La complexité de ces questions s’incarne dans les égarements de Diane et révèle l’absurdité de travailler pour un système qui contribue à fabriquer les conditions de la précarité. »

On est touché par la problématique, la manière délicate de manier des moments difficiles et l’interprétation d’Alice May et de ses partenaires, professionnels et amateurs venus de séances d’atelier, donnés à Nantes et à Nanterre. De vrais demandeurs d’asile.

Théâtre de Belleville, lundi et mardi à 19h15, dimanche à 20h00. Durée : 1h15. Jusqu’au 31 octobre. Tél : 01 48 06 72 34.  Puis les 9 et 10 novembre au Théâtre Claude-Chabrol d’Angers.