L’artiste, comédien, chanteur, metteur en scène, magicien de marionnettes étranges, il est au cœur du « Spleen de l’ange », nouveau spectacle présenté aux Abbesses. Un enchantement de grâce envoutante.
Tout commence « off ». Une voix prenante, avec un léger accent. On le sait. On sait de qui il s’agit car on a lu les pages de présentation du spectacle intitulé Le Spleen de l’ange. Mais sans doute l’aurait-on reconnu, pour ce qu’il livre de lui, ou plus simplement parce qu’il appartient au paysage européen et international de la culture. Il a des liens profonds avec la France, avec la langue française qu’il maîtrise à la perfection.
Wim Wenders parle de lui. De cette étrange certitude de l’enfance qui l’a longtemps poursuivi. Il s’imaginait encadré d’anges. Deux au-dessus, deux au-dessous, un de chaque côté. Pas d’anges strictement protecteurs, pas d’anges gardiens comme chacun est censé en « avoir » un. Mais plutôt des veilleurs à perpétuité. Et cette durée effrayait le jeune Wenders.
Cette phrase donne des ailes, littéralement, à l’imagination du poète-marionnettiste-comédien-metteur en scène. Il a en tête ce film beau et bouleversant qui s’intitule Les Ailes du désir, et se déroule à Berlin.
Mais il s’en dégage. Il a élaboré un spectacle très prenant, mystérieux et fascinant, soutenu par des musiciens : Guillaume Bongiraud, violoncelle et instruments électroniques, Cyrille Froger, percussions et clavier, Marion Lhoutellier, violon et instruments électroniques.
Aux saluts, on découvrira une manipulatrice, qui est dans l’ombre, Klore Desbenoit et d’autres.
Toute tentative d’évocation, de description, est vouée à abîmer ce que l’on voit, ce que l’on entend. Ce que l’on ressent. Ce qui frappe, c’est l’extraordinaire précision de l’enchaînement des mouvements, des images, des événements du récit. On ne découvre le magicien qu’à la toute fin. Tout au long, il donne vie à un ange, qui abandonne ses ailes puis les retrouvera. Il est invisible. Il y a, ici, un supplément de magie, de pure magie, au-delà des illusions que maîtrise si bien maître Johanny Bert. Tout subjugue.
Par-delà la musique, en scène, il y a des chansons. Elles ne surlignent pas. Elles offrent de l’air, des envols supplémentaires. Tout est généreux, fraternel.
Le mot beauté palpite dans les cœurs des spectateurs. Si beau. Quelque chose d’un miracle d’intelligence, d’ultra-sensibilité et de partage. Il faut absolument s’offrir le privilège qu’est la découverte du « Spleen de l’ange ».
«Le Spleen de l’ange », au Théâtre des Abbesses-Théâtre de la Ville, à 20h00. Tél : 01 42 74 22 77. jusqu’au 26 octobre, à 20h00. Durée : 1h00. Puis en tournée en France, le 7 novembre à Morlaix, du 13 au 15 novembre à Malakoff..