Politiques : aberrantes et criminelles décisions

De plus en plus d’apparatchiks français se pensent investis d’une mission. Elle peut se résumer en un mot : « attaquer ». Coupes drastiques dans les aides, décisions irréfléchies, des Pays-de-la Loire aux régions du sud, tout le pays est concerné.

Cet impératif, « attaquer » est celui que s’est donné une personne ayant longtemps œuvré dans l’immobilier avant de se lancer en politique. Une quinquagénaire dont on peine à retenir le nom, Madame Christelle Morançais. Présidente de la région Pays-de-Loire, a décidé, à l’automne dernier, de « « s’attaquer à un secteur que personne n’osait affronter jusqu’alors », celui de la culture pour tous les citoyens.

Dire cela (personne avant moi) est avouer sa profonde méconnaissance de l’Histoire, de la politique culturelle, et du terrain, du paysage de la France, car, hélas, ce n’est pas la première fois que des femmes et des hommes investis d’une certaine responsabilité, pensent que les institutions culturelles coûtent cher. Oublieuses, oublieux, du service public, ils grignotent çà et là depuis bien longtemps.

Madame Morançais fait mieux, armée de grands couteaux, telle son ancêtre Anastasie, elle coupe, elle écrabouille. Elle détruit.

Elle est tellement intelligente, qu’elle a réussi à s’en prendre aux lieux ancrés dans l’histoire de la région et dont la légitimité n’est plus à prouver, comme aux compagnies émergentes.

Il y a quelques mois, les quotidiens « La Croixé et « Le Monde » avaient loyalement réagi, montrant le désarroi des acteurs culturels de la région après ses premières décisions et laissant espérer des réponses difficiles mais constructives.

Rien, depuis, n’a fait réfléchir et fléchir la présidente.

Parmi les structures fragiles, on peut citer la Compagnie Limitrophe, privée des aides prévues et qui est contrainte de recourir au financement participatif pour reprendre un excellent spectacle, Confession, programmé à la Factory en juillet prochain, après quelques représentations. Dont certaines à Montreuil (93) où nous avons vu ce spectacle.

Parmi les structures implantées et reconnues depuis longtemps, le Théâtre régional des Pays-de-Loire, a lui aussi été « attaqué » par la Présidente. Et très violemment puisque les mesures de Madame Morançais vont jusqu’à la suppression de toute subvention.

Nous publions ci-dessous un récent document du Théâtre régional qui analyse les coupes, les ruptures et montre quelles en sont les conséquences, à court, à moyen, à long terme.

Un document longuement réfléchi par Camille de La Guillonnière, directeur artistique du Théâtre et ses équipes.

Communiqué du 2 avril 2025, émanant du Thhéât rerégional des Pays-de-Loire  

Coupes budgétaires régionales : la situation du TRPL.

Le 31 décembre 2025 marquera la fin de la collaboration entre le Théâtre Régional des Pays de la Loire et la Région des Pays de la Loire, notre partenaire principal depuis plus de 50 ans, avec l’arrêt total des subventions attribuées à la compagnie.

Le modèle économique des activités du TRPL repose sur des financements croisés :

Subventions de Cholet Agglomération, de la Région des Pays de la Loire, des Départements de Maine-et-Loire et de Vendée, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire et des recettes de billetterie et de vente de spectacle.

Le retrait de la subvention régionale fragilise ce modèle et remet en question nos projets de démocratisation culturelle.

La subvention régionale, à hauteur de 165 000 euros/an, couplée à nos autres recettes, nous permettait de :

– Embaucher 5 personnes en emploi permanent à temps plein.

En 2026, l’équipe ne comptera plus que 2 emplois permanents.

– Engager 32 intermittents artistes et techniciens (11 111 heures en 2024).

En 2026, 14 professionnels seront embauchés (7152 heures).

– Proposer 60 représentations, l’été, en plein air, dans des communes

rurales de la région des Pays de la Loire dans le cadre de la Tournée des

Villages. Un projet qui existe depuis 19 ans.

En 2026, la Tournée des Villages ne comptera plus que 30

représentations.

– Proposer deux spectacles en tournée chaque année.

À partir de 2026, nous ne pourrons proposer qu’un spectacle.

– Ouvrir l’accès à notre centre de ressources aux compagnies professionnelles et amateures de la région grâce au prêt de costumes et d’accessoires 50 jours par an.

En 2026, nous ne pourrons consacrer que 25 jours à notre activité de centre de ressources et augmenterons le coût de l’adhésion à ce service.

– Proposer des centaines d’heures d’éducation artistique et culturelle.

En 2026, une cinquantaine d’heures seront consacrées à l’éducation artistique et culturelle.

– Accueillir une dizaine de compagnies professionnelles ligériennes en résidence à l’Espace Jean Guichard à Cholet.

En 2026, seules 2 compagnies seront accueillies sur le plateau du Théâtre Interlude, sans prise en charge de repas, ni de frais detransport, réduisant les propositions de médiation et d’accès à des répétitions publiques.

– Proposer 12 journées de stage de pratique pour les comédiens amateurs.

En 2026, le coût de l’inscription aux stages augmentera.

– Proposer des tarifs au choix du spectateur, pour rendre les spectacles accessibles à tous. En 2026, nous serons contraints d’augmenter ces tarifs.

– Diffuser nos spectacles sur le plan national.

En 2026, le nombre de ces représentations sera réduit de moitié. Chaque année nos spectacles réunissent plus de 10 000 spectateurs. Les prévisions à partir de 2026, sont autour de 6 000. Le public aussi est le grand perdant de ces coupes.

Nous constatons que la subvention régionale avait un effet de levier et nous permettait d’encaisser des recettes de billetterie et de vente de spectacles.

Ce n’est donc pas seulement 20% de notre budget qui s’envole mais presque 44%.

Nous passons d’un budget global de 890 000 euros à un budget prévisionnel de 500 000 euros.

Au-delà des chiffres c’est toute une philosophie du théâtre de service public qui est remise en cause. Nous nous battrons pour que notre mission perdure.

D’ici quelques mois, le TRPL changera de nom. L’équipe s’organise afin de pouvoir bientôt recevoir des dons de la part d’entreprises ou de particuliers et travaille à l’écriture d’un nouveau projet en collaboration avec Chole Agglomération, les Départements de Maine-et-Loire et de Vendée afin de continuer à œuvrer en faveur de l’accès à la culture pour tous et de la décentralisation théâtrale.

Les équipes du théâtre et Camille de La Guillonnière, directeur artistique du Théâtre régional des Pays de Loire.