Puissance de la déraison

Avec un courage extraordinaire, la comédienne Florence Cabaret, affronte les désarrois où l’a conduite une bipolarité difficile à dompter. Denis Lachaud a composé un texte puissant, profond qui n’interdit pas le rire et s’intitule « Déraisonnable ». Catherine Schaub signe une mise en scène, une direction de jeu rigoureuses et tendres.

Elle est toute seule, toute simple. Un pantalon noir, un petit haut blanc et des chaussures blanches. Les cheveux sont assez courts, le visage fin au teint clair, bien dégagé, le regard doux. La voix est belle, bien placée, légère.

Et pourtant, c’est une histoire bien grave qu’elle nous raconte, assise sur une chaise devant un grand panneau de papier blanc qui coule jusqu’au sol, comme dans les studios de photographie. On est au théâtre, donc, on ne pense pas immédiatement que la comédienne qui s’adresse à nous, Florence Cabaret, nous parle d’elle…Mais il y a une telle vérité dans sa manière d’être, de confier, de dire, de rire, de sourire, que peu à peu, on se souvient d’avoir lu que Denis Lachaud a retranscrit les aventures de Florence. Avec art et tact. On se rend compte qu’il a fait une véritable enquête et que la construction délicate mêle plusieurs voix. Dirigée avec finesse par Catherine Schaub, l’interprète donne vie à des « personnages » différents, des situations très particulières.

Un soir, elle n’est pas venue jouer. Elle interprétait le rôle-titre de Marie Tudor de Victor Hugo, et elle n’est pas allée jusqu’au théâtre…Elle a erré, on a lancé un avis de recherche. On l’a retrouvée. Direction l’hôpital psychiatrique. Début d’un long processus, d’un chemin de soi en douloureuses stations.

Sa présence, l’écriture, la direction de jeu de Catherine Schaub, les lumières de Thierry Morin, les ruptures, l’utilisation du son signé Aldo Gilbert, tout ici retient l’attention intellectuelle et le coeur.

Il ne faut pas tout vous dévoiler : une heure étonnante, bouleversante, qui met en lumière une comédienne que l’on a eu l’occasion d’applaudir et dont on ignorait le grand secret.

Théâtre de Belleville, Du mardi au jeudi à 19h15. Dimanche à 15h00. Durée : 1h00.

Tél : 01 48 06 72 34.

theatredebelleville.com

Puis le 9 février au Théâtre Nouvelle France au Chesnay-Rocquencourt, les 11 et 12 février à La Vénerie, Watermael-Boitsfort en Belgique, les 5, 6, 7 avril au Théâtre des Beaux-Arts Tabard de Montpellier, en mai à Dijon et en juin à Villejuif, dans des festivals.