Dernière enfant de Paul Claudel, cette femme très intelligente et généreuse avait fondé les rencontres de Brangues. Elle écrivait et dessinait magnifiquement. Elle s’est éteinte dans sa 104ème année.
Renée Nantet frappait par l’intensité généreuse de sa présence. Une personnalité très forte, mais bienveillante, tendre, souriante. Son regard bleu enveloppait les êtres avec douceur. Sa voix ferme, son rire sonore, ajoutaient à son charme.
Dernière des cinq enfants de Paul Claudel et de Reine Sainte-Marie-Perrin (dont le père fut l’architecte de Notre-Dame de Fourvière), elle était née en 1917. Elle s’est éteinte le 23 janvier 2021. Elle avait eu 103 ans en août dernier.
Sur le tard de sa vie, elle avait choisi de se retirer au sein de l’Abbaye Notre-Dame du Pesquié, dans l’Ariège. Elle en était oblate. C’est là qu’elle s’est éteinte et qu’une messe a été célébrée.
C’est vendredi 29 janvier que la cérémonie des obsèques a lieu. A Flagny-la-Chapelle, dans l’Yonne. C’est là, dans la paix, que sera sa dernière demeure.
Renée Nantet était une femme extraordinaire. Même si l’on n’avait pas connu son père, et seulement vu des photos, on était frappé par sa ressemblance. Un visage ouvert, très bien structuré. Oui. Elle ressemblait beaucoup à Paul Claudel.
Par la force de sa présence et son intelligence, Renée Nantet exerçait un ascendant sans superbe sur ses interlocuteurs. Tous ceux qui passaient sur du Pont-Louis-Philippe pour s’entretenir avec elle, la questionner sur l’histoire de son père et de ses œuvres, lui présenter des projets de mise en scène, étaient impressionnés et séduits.
Renée Nantet était savante, accessible et possédait un don merveilleux du récit. Un esprit. De l’esprit. Sa vie fut tout entière consacrée à rendre plus vive encore l’oeuvre de son père. Tout entière tournée vers les autres, curieuse des autres, elle donnait le sentiment de tout deviner des êtres. Elle accueillait chacun avec simplicité, répétons-le, générosité.
Avec Jacqueline Veinstein et Jean-Louis Barrault, elle avait fondé les Rencontres de Brangues, dans la maison familiale du Dauphiné, entre Lyon et Grenoble, pour dire vite. Là où repose Paul Claudel.
Des Rencontres fructueuses et riches, rassemblant universitaires et artistes du monde entier. Paul Claudel est toujours présent dans les théâtres et les lieux de recherche, du Japon aux Etats-Unis, d’Angleterre à Italie.
Par-delà le travail conduit par la Société Paul Claudel, par-delà les programmations des derniers étés, portés en partie par le TNP-Villeurbanne et la passion de Christian Schiaretti pour l’œuvre de Claudel, Renée Nantet avait écrit des textes et même des pièces.
Grâce à ses enfants, un livre fut publié De ces rêves qui traversent une vie. On prend la mesure du talent profond de Renée Nantet. Son art du dialogue, son imagination, sa poésie. Son art du dessin également. Elle n’était pas pour rien la nièce de Camille, la fille de Paul.
Elle aimait composer des histoires pour Marie-Victoire et Donatien, ses enfants. Et ses petits-enfants et arrière-petits-enfants peuvent être heureux d’avoir connu un être aussi rare que Renée Nantet.
Elle connaissait parfaitement l’œuvre de Paul Claudel. Elle aimait particulièrement La Messe là-bas et, un jour, Didier Sandre s’était rendu dans sa retraite d’Ariège, pour dire ce texte, qu’il avait admirablement joué, en compagnie de musiciens, sous la direction de Christian Schiaretti.
Saluons cette femme rayonnante qui a tant fait pour l’œuvre de Paul Claudel, tant fait pour sa famille et pour les autres.