Dirigé par la rare et merveilleuse Marie-Christine Orry, il incarne un homme déraciné qui se raconte et se souvient de son père. Ecrit pour lui, il y a dix ans, par Emilie Frèche, ce monologue signe le retour au théâtre d’un artiste sensible et noble.
Il a reçu tant de prix que l’on voit mal ce que l’on pourrait retenir…Peut-être, car sans doute le grand public a-t-il au cœur ce film-là, son prix « collectif », le succès irradiant et partagé d’Indigènes (بلديون) de Rachid Bouchareb.
C’est un texte sur la solitude que défend de toute sa sensibilité, de son intelligence de l’écriture et des sentiments, Sami Bouajila.
Il est un aristocrate du théâtre, un grand félin des dunes. Tunisien né en France, français engagé dans la défense de la langue, de la culture, il est aussi l’héritier d’un pays splendide et d’un père simple socialement et magnifique. Noble.
Emilie Frèche a écrit ce monologue il y a dix ans. Pour lui, Sami Bouajili.
Mis en scène par Marie-Christine Orry, interprète exceptionnelle qui a travaillé avec Sami Bouajili, lorsqu’ils étaient tout jeunes, le texte d’Emilie Frèche prend une évidence lumineuse et une fludité de ton, dans le récit, d’une évidence magistrale.
Ne révélons pas les secrets. Dans une scénographie rigoureuse, un tas de sable ou de terre à la Beckett de Jean-Pierre Laporte et les douces lumières de Zizou, la metteuse en scène a su emprunter de vieux films à son camarade. Est-ce son père ? Et là, ce petit garçon, c’est lui ?
N’en disons pas plus. Découvrez cet homme fier et en même temps très vulnérable, qui parle de son destin, de celui de son père. Il nous dit l’exil et la souffrance. Qu’un rideau transparent soit tiré, et voici le père…L’écriture sobre et pourtant musicale de l’auteure Emilie Frèche –ne mentons pas, la situation revient souvent au théâtre- l’interprétation puissante de Sami Bouajila très finement dirigé par Marie-Christine Orry, qui, répétons-le, donne une clarté bienvenue à la pièce, sont magnifiques. Il a une voix très bien placée, il se fait entendre, il peut murmurer ou tonner, on l’écoute. Un grand interprète, délicat et fraternel. Viril et tendre.
Du théâtre fort. Comme on le dirait d’un bon café. Avec humeurs, odeurs, vent, brise de mer, qui parvient jusqu’au pied des immeubles de banlieue.
Théâtre de l’Oeuvre, du mercredi au samedi à 20h30, dimanche à 17h00. Jusqu’au 30 septembre. Durée :1h05. Texte publié, avec un dossier, par L’Avant-scène théâtre, 14€, en vente au théâtre.