Bruno Abraham-Kremer, encore plus loin

Dans ce nouveau spectacle, Parle, envole-toi ! Ou comment le théâtre m’a sauvé la vie, il raconte son parcours. Aussi bouleversant que drôle.

« Parle, envole-toi ! Les mots sont tes ailes. » C’est cette injonction confiée par un rabbin, qui guide l’extraordinaire artiste qu’est Bruno Abraham-Kremer dans ce texte très autobiographique qu’il sous-titre avec son ironie coutumière : « l’aventure tragi-comique d’un acteur en vol libre »

Dans la petite salle du Paradis, tout en haut du Lucernaire, on est dans une proximité troublante avec celui qui, devant nous, se livre. Ce n’est pas la première fois qu’il parle de lui, mais jamais il n’en a tant dit…

La situation, d’entrée, fait monter les larmes aux yeux. Pas de décor, mais simplement une sorte de banc. C’est un lit d’hôpital. Un homme est dans le coma, mais on a demandé à son fils de lui parler. Il l’entend.

Et lui, Bruno, raconte. Il remonte très loin, soixante ans en amont. On est en 1963, il a cinq ans. Il va comprendre qu’il est juif et qu’il est « un miracle ». Il remonte très loin dans le destin de sa famille et revient jusqu’à nos jours. Son père, dans la réalité, s’est éteint il y a plusieurs années.

Il dit tout. En tout cas, on croit tout et l’on passe par toutes les émotions, en riant jusqu’aux larmes et en ayant le cœur serré, parfois.

On ne veut pas raconter, résumer. Il faut suivre. Il court, il danse, il dit ce texte qu’il a composé avec une virtuosité de funambule. Une voix, un regard, une présence. Il signe, avec l’essentielle Corine Juresco, une mise en scène vive, allègre.

On ne voit pas passer le temps. C’est vraiment un moment extraordinaire. Un artiste immense, généreux, un homme exceptionnel, poète combattant qui s’engage et que l’on a tellement souvent applaudi. Car il déploie la même ardeur, la même sensibilité, la même intelligente pour défendre Romain Gary, Emile Ajar, Anton Tchekhov, Vladimir Jankélévitch, Eric-Emmanuel Schmitt, pour ne citer que quelques auteurs.

Au Lucernaire, salle Paradis, jusqu’au 15 octobre, à 21h00 du mardi au samedi, 17h30 le dimanche. Durée : 1h30. Tél : 01 45 44 57 34.

www.lucernaire.fr