Thierry Thieû Niang, sans relâche

Un livre dans lequel il raconte son travail à l’hôpital Avicenne, un spectacle créé avec des jeunes de Bobigny à la MC93, après une première version au TNP-Villeurbanne.

Cela s’intitule « C’est tout ! ». Mais c’est beaucoup bien sûr ! Un spectacle signé de trois artistes, Thierry Thieû Niang, danseur et chorégraphe, Marie Vialle, comédienne et metteuse en scène, Jimmy Boury, maître des lumières.  

Ils se sont ligués pour travailler avec des jeunes, des enfants et aussi des adolescents, de très jeunes adultes. Un peu plus d’une vingtaine en tout.

On connaît le chemin de Thierry Thieû Niang, qui depuis des années, s’est tourné vers des amateurs, très vieux parfois, et ce fut une version du Sacre du Printemps, vue à Avignon et reprise au Théâtre de la Ville en 2012 sous le titre « … du printemps ». Un spectacle conduit avec Jean-Pierre Moulères, dramaturge, sur la musique d’Igor Stavinsky et mené par vingt-cinq à trente danseurs âgés de plus de 60 ans, et jusqu’à 87 ans.

On n’oublie pas le merveilleux « Ses majestés », sur le grand plateau du Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, en juin 2017. Avec des femmes et des jeunes, amateurs, engagés dans la vie et la vie associative, artistique.

Vu sur le grand plateau de la MC93 de Bobigny, « C’est tout ! » repose sur un entretien que l’on peut trouver sur le web : Marguerite Duras parle avec des enfants.  On n’est pas certaine qu’elle comprenne que le crocodile qui a avalé un réveil est celui qui poursuit le Capitaine Crochet dans « Peter Pan » … Mais qu’importe.

Ce qui compte c’est le spectacle. Il a été créé au TNP-Villeurbanne, et repris avec une nouvelle troupe à la MC93. Sous les imposants panneaux lumineux, le groupe va et vient, magistralement guidé. La discipline, l’intelligence, la mémoire sans faille, la grâce des jeunes font merveille. Une jeune fille, si l’on a bien compris, est venue de Villeurbanne –avec trois autres camarades- celle qui est attifée comme l’était Duras : gilet ouvert sur pull à col roulé, jupe courte, chaussures légèrement montantes, grosses lunettes, elle est ressemblante et drôle ! Les autres ne jouent qu’eux-mêmes d’une certaine manière. Ils sont brillants de charme. On peut préférer les plus petits, les plus petites. Irrésistibles d’autorité poétique.

L’autre actualité, comme on dit, de Thierry Thieû Niang, est la publication d’un livre précieux qui relate son travail au sein de l’hôpital Avicenne. On pense, évidemment, au très beau film de Yann Coridian et Valeria Bruni-Tedeschi « Une jeune fille de 90 ans », un document qui montre le travail de l’artiste à l’Hôpital Charles-Foix d’Ivry.

Une préface d’Emmanuel Hirsch, une postface de Philippe Lefait, quelques pages d’introduction écrites par Thierry Thieû Niang, suivi d’une série de rencontres-portraits qui relatent les expériences très différentes, chacune étant adaptée à la personnalité de chaque patient, chaque patiente. On n’en dira pas plus car ces pages bouleversantes sont à saisir au plus intime. C’est très bouleversant et puissant.   

Agapè danser à l’hôpital, éditions Erès, collection Espace éthique. 10 €.

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